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Cinéma

Toi, Moi, Les Autres

Un Roméo et Juliette des temps modernes sur fond de comédie musicale, avec sa galerie de personnages tous plus clichés les uns que les autres, son étalage de bons sentiments, ses dialogues caricaturaux… Certes c’est le lot commun des comédies musicales. Mais lorsque le propos est de dénoncer l’expulsion violente de sans-papiers, ce traitement est-il le plus approprié ?

Leïla, étudiante en droit, peine à conjuguer sa scolarité, son petit frère dont elle doit s’occuper seule et sa condition sociale défavorisée. Gab, au contraire, à tout pour réussir : argent, fiancée de son milieu, … mais il se complait dans la frivolité et préfère jouer au poker plutôt qu’étudier. Rien ne les rapproche mais lorsque Gab renverse par accident le frère de Leïla, ils vont contre toute attente tomber amoureux.

Le point de départ est évidemment vieux comme Roméo et Juliette et à vrai dire, si la réalisatrice Audrey Estrougo s’était contentée de ce matériaux, elle aurait pu en tirer une sympathique comédie musicale sans prétention. Seulement, la jeune femme souhaitait apporter un fond politique à son film. Sur cette intrigue basique, elle greffe donc l’histoire de Tina, meilleure amie de Leïla et immigrée clandestine. Arrêtée lors d’une opération de police n’ayant rien à envier à une rafle sous Vichy, Tina doit être expulsée en compagnie de sa fille.

L’intention est louable, Audrey Estrougo dénonçant certaines failles du système avec justesse, comme l’absurdité de la machine administrative. Le problème vient du traitement. La réalisatrice avoue que l’idée d’une comédie musicale venait du producteur. Cela se ressent. Piégée entre ses obligations contractuelles et son envie de dénonciation, Audrey Estrougo livre un film bancal, où la légèreté des tableaux musicaux et le manichéisme des personnages dessert le fond militant.

- Long-métrage français
- Réalisé par Audrey Estrougo
- Avec Leïla Bekhti, Benjamin Siksou, Cécile Cassel, ...
- Durée : 1h30
- Sortie : 23 février

Publié le : mercredi 23 février 2011, par Eve Renaudin