Procès en appel de l’affaire du bitume
Le procès en appel de la société Eurovia (groupe Vinci) dans l’affaire du bitume s’est tenu vendredi 11 mars à Lyon. En première instance, le Tribunal des affaires de sécurité sociale de Bourg-en-Bresse avait condamné le 10 mai 2010 l’entreprise Eurovia pour faute inexcusable, suite au décès de Francisco Serrano, victime d’un cancer de la peau en 2008. Selon le tribunal, ce décès était dû a l’exposition prolongée aux vapeurs de bitume et a ses projections. Le bitume n’avait jusqu’ici jamais été considéré comme dangereux pour la santé en France. Plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers sont en contact régulier avec le produit sans disposer de protections particulières.
« Ce procès, c’est pour que d’autres travailleurs ne subissent pas les mêmes supplices », a lancé Maitre Rinck, avocat de la famille de Franscico Serrano. Il a cité les travaux réalisés par des chercheurs indépendants sur la dangerosité du produit que des milliers d’ouvriers manipulent quotidiennement. Ces études pointent notamment l’ignorance qui touche près de 90% des composants du bitume, due aux secrets de fabrication. Car en dehors du pétrole, de nombreux additifs y sont présents. Nommés H.A.P. pour hydrocarbures aromatiques polycycliques, ces additifs servent a fluidifier le bitume. Or, les H.A.P. contiennent de nombreux produits cancérigènes, notamment le Benzopyrène. Qui se répandent dans l’air, une fois le bitume chauffé à 150 °C, a expliqué Maitre Rinck.
Pour Eurovia la mort de Franscisco Serrano est due à une trop longue exposition au soleil, qu’elle soit dû ou non à son travail à Eurovia. Un argument qui a fait rire jaune Fréderic Mau, délégué syndical central d’Eurovia Bretagne : « oui, il a dû mourir parce qu’il est trop allé en vacances... ». « La famille Serrano mène un combat pour toutes les victimes du bitume », poursuite le syndicaliste. « Beaucoup de salariés ne faisait pas le lien entre la maladie et la profession, les médecins non plus, alors qu’il y a plus de mort dans la construction des routes que dans l’armée, la police et les pompiers réunis ! ». Et de dénoncer « une rentabilité qui prime sur l’humain ». Vinci, la maison mère d’Eurovia a dégagé un bénéfice de 35 milliards d’euro en 2010, s’est plu à rappeler l’avocat de la famille Serrano.
La confirmation du jugement de première instance par la cour d’appel, pourrait provoquer une avalanche de procès, comme cela a été le cas pour l’amiante. La délibération sera rendue le 11 mai prochain.
Publié le : lundi 14 mars 2011, par