Football / Lyon - Caen : 0-0

Lyon, ou l’art du suspense

A défaut d’assurer sa troisième place, qualificative pour le tour préliminaire de la prochaine Ligue des Champions, l’Olympique Lyonnais s’est assuré une dernière semaine sous haute tension, où tout reste possible. En concédant à domicile le nul contre Caen (0-0), au terme d’un match mouvementé, en tribunes comme sur le terrain, les Rhodaniens joueront leur place sur le podium la semaine prochaine, à Monaco.

On ne sait vraiment plus où donner de la tête avec cette équipe lyonnaise. Excellente contre Marseille il y a tout juste deux semaines (3-2), puis médiocre à Auxerre (0-4) et contre Brest (1-1), la formation de Claude Puel a eu le mérite de se montrer inspirée hier soir, face à Caen. Elle n’a cependant pas su trouver la faille, face à un excellent gardien adverse, et aurait pu se faire punir en toute fin de rencontre, sans un retour express de Cissokho, repoussant le ballon sur sa ligne de but (79’). Inconstante, cette équipe déroute aussi bien ses supporters que ses dirigeants, et les spécialistes du ballon rond. Et encore une fois, la performance des Gones contre Caen soulève beaucoup d’interrogations.

Lyon en vrai manque de réussite

Malgré le retour surprise de Lisandro Lopez, remis sur pieds plus vite que prévu, l’attaque lyonnaise n’allait pas vraiment gagner en efficacité, à l’image de la barre transversale touchée sur un centre anodin de Cissokho dès le début de match. Par la suite, les Lyonnais allaient manquer de précision face aux buts, à l’image de la tentative d’Ederson aux vingt mètres, pas loin du cadre (10’), de la reprise de volée de Lisandro à bout portant (17’) ou d’une tête de l’Argentin sur un centre de l’autre Argentin de l’OL, César Delgado, toutes deux non cadrées.

Surtout, cette attaque lyonnaise allait se heurter à un gardien en état de grâce : Alexis Thébaux, le portier caennais. Celui que l’on annonce en partance dès cet été pour Paris a fait un match exceptionnel, repoussant coup sur coup les tentatives de Lisandro (36’), Pjanic (36’) et Delgado (53’). Un match sans fautes pour le Normand, qui maintenait ses coéquipiers à flots et entretenait un suspens fou à Gerland.

L’OL avait pris le match par le bon bout mais ne concrétisait pas ses occasions, nombreuses. Et en football, les équipes en manque de réussite se font bien souvent punir.

Caen tout proche de corriger l’OL

Sous l’impulsion d’un brillant Hamouma, très actif sur son côté droit, Caen posait des problèmes à l’arrière garde lyonnaise. Portés par un désir de maintien, les Normands évoluaient en contre et pouvaient à tout moment faire la différence. Après une demi-heure passive où ils ne se sont contentés que d’observer et de repousser les attaques rhodaniennes, les Caennais ont pris un peu plus d’assurance en fin de première mi-temps et se montraient ambitieux : El Arabi et Traoré ne profitaient pas des excellents centres de Seube et d’Hamouma pour armer.

Le temps jouait en faveur des visiteurs : plus il défilait et plus les Normands sentaient qu’un coup était possible, à Gerland. Seulement, Lyon à domicile, cette saison, c’est du costaud, la seule défaite enregistrée à domicile, contre l’ennemi juré stéphanois, fut émaillée de décisions arbitrales très contestables (0-1).

Caen enchainait les contres, mais sans vraiment plus de réussite que l’OL. Bastos, qui a affirmé récemment son désir de jouer pour la Juventus de Turin, foulait pour la dernière fois la pelouse de Gerland en tant que joueur lyonnais, remplaçant Pjanic avant l’heure de jeu. Son entrée en jeu coïncidait avec une montée en tension dans les tribunes de Gerland.

« Entre ton public et ton coach en bois, direction, fais ton choix »

De mémoire de supporter, jamais Gerland n’avait été aussi hostile à son équipe. Dès 18h30, près de 500 supporters de l’OL avaient défilé aux abords du stade pour réclamer la tête de Claude Puel. Puis au stade, le douzième homme n’était pas non plus derrière son équipe. Au contraire : une grande partie du stade de Gerland a profité de la dernière de la saison à domicile pour se faire entendre et réclamer le départ de l’actuel coach des Gones. La grande majorité des chants l’aura pris pour cible, ainsi que la plupart des banderoles, dont une directement adressée à Jean-Michel Aulas : « Entre ton public et ton coach en bois, direction, fais ton choix ».

Dans ce climat très tendu, le jeu perdait en intensité et les deux équipes ne se projetaient plus vraiment vers l’avant, concentrant leurs efforts sur le milieu de terrain. L’équipe rhodanienne, de plus en plus crispée, rendait le ballon à des Caennais entreprenants, notamment en fin de rencontre, mais Hamouma n’avait manquait de justesse dans le geste.

Après avoir tourné le dos au terrain, une partie du Kop du virage nord quittait le stade vingt minutes avant la fin du match, ultime signe de rébellion.

Côté terrain, l’OL se faisait une dernière frayeur dans les arrêts de jeu avec un coup franc dangereux accordé aux Normands, mais le score ne bougeait pas. L’arbitre sifflait la fin du match sur ce score nul et vierge, accompagné d’une bronca générale de la part des supporters restants. La dernière soirée de la saison à Gerland aura été bien triste.

Paris, de son côté, n’a pas su profiter du faux-pas lyonnais, concédant un bon nul au Parc face à des nordistes champions de France (2-2). Du coup, l’écart entre l’OL et le PSG reste identique : les Gones comptent deux points d’avance sur les hommes de la capitale, à une journée de la fin. Autrement dit, une défaite lyonnaise à Monaco, la semaine prochaine, combinée à une victoire parisienne au Chaudron relèguerait les hommes de Claude Puel à la quatrième place. Un scénario que personne entre Rhône et Saône n’ose imaginer, mais qui est pourtant probable : Saint-Étienne, qui a assuré son maintien, n’a plus rien à perdre, tandis que Monaco, 18ème de Ligue 1, jouera sa survie en Ligue 1. La saison 2010-2011 n’a pas encore livré tous ses secrets.

Publié le : lundi 23 mai 2011, par Mikhaël Defoly