Halle Martinière

Bras de fer entre la Mairie et les commerçants

La Mairie souhaite trouver un nouveau destin à la Halle Martinière, tourné vers des produits issus de circuits courts ou de l’agriculture biologique. Mission qui sera confiée par appel d’offres à une entreprise privée, sans impliquer les locataires actuels. Les commerçants et les habitants du premier arrondissement s’y opposent et s’organisent pour se faire entendre.

La Halle Martinière est gérée en régie par la ville de Lyon. Déjà en 2003, la Mairie avait voulu confier son exploitation à un acteur de la grande distribution. Un échec, car les commerçants de la Halle et les habitants du premier arrondissement s’étaient fortement mobilisés. Une pétition avait alors récoltée plus de 1700 signatures, suffisamment pour faire reculer la Mairie. Celle-ci avait alors redonné une chance à la Halle et financé des travaux de mise aux normes. Moment de répit de courte durée, car les commerçants ont reçu en février 2011 un avis de retrait du domaine public prévu pour février 2012. Un bras de fer s’engage entre la Mairie et la Halle.

La Halle Martinière se meurt : il ne reste plus que deux commerçants propriétaires, deux salariés à plein temps et deux salariés à temps partiel. Selon la Mairie, la Halle ne répond plus aux attentes des ménages et ne peut « garantir une rentabilité suffisante ». Faux, rétorquent les dernier survivants, qui affirment très bien vivre de leur commerce. Si plus de 400m² sont aujourd’hui vacants, c’est parce que les baux proposés sont d’un an seulement, ce qui découragerait les candidats potentiels, selon eux. Ils sont renouvelables, répond la Mairie.

La clé du problème sont les travaux de rénovation, indispensables selon la Mairie. 1 millions d’euros, selon ses calculs, une somme que la Ville ne veut pas prendre en charge. D’où l’idée de « confier la Halle à un tiers, mais en restant propriété de la ville de Lyon », explique-t-on à la Mairie. « Nous souhaitons proposer un concept innovant, autour d’une certaine idée de l’alimentation associant plaisir et responsabilité, tant vis-à-vis des producteurs locaux, que de l’environnement ». Le tout en ouvrant la Halle sur la place Gabriel Rambaud. Si la Ville reste floue sur les délais, le projet mettra au moins 18 mois à se concrétiser.

En attendant, les commerçants et les habitants s’organisent. Début juin, ils ont créé l’association Halle Mart’, dans le but de « donner une crédibilité renforcée et de créer le support juridique nécessaire » pour défendre leur cause, selon une de ses membres. Ils ont créé leur blog et lancé une nouvelle pétition qui a récolté à ce jour 2700 signatures. L’association dénonce un abandon de la part de la Mairie. « C’est un peu facile de constater qu’aujourd’hui ce n’est pas en très bon état ni très vendeur », s’étrangle Jean-Marc Anastasi, un des mobilisés. Les commerçants affirment n’avoir obtenu que 90 000 euros ces huit dernières années. De quoi lorgner jalousement sur les 6 millions investis pour rénover la Halle Paul Bocuse. « Les deux établissements ne sont pas comparables, ni par la fréquentation, ni par le rayonnement », répond la Mairie. Ni par les loyers d’ailleurs. Les commerçants de la Martinière paient 120 €/m²/an, contre 235 € à la Halle Bocuse (270 € en 2012).

Du côté de l’opposition, on n’est pas hostile au changement. Fabienne Lévy, élue radicale du premier arrondissement dit avoir « toujours défendu l’idée de repenser la Halle Martinière » mais déplore la méthode de la Mairie, « pas digne d’un maire qui se dit humaniste ». « On impose et les habitants doivent disposer », déclare-t-elle grinçante.

A ce jour, les commerçants disent n’avoir aucune nouvelle de la Mairie et attendent la publication de l’appel d’offres pour pouvoir juger sur pièce. « C’était censé tomber pendant le mois de juin, et pour l’instant, toujours rien », regrette Lionel Fourcade, l’épicier de la Halle.

Publié le : lundi 27 juin 2011, par Mélanie Rauscher