Une candidate entourée

Eva Joly fait sa campagne à Lyon

Dans le cadre de sa campagne pour la primaire présidentielle écologiste, Eva Joly sillonne la France pour rencontrer élus, militants et simples citoyens. Mardi 14 juin, la députée européenne a fait escale à Lyon. L’occasion pour elle de décliner son programme et de se montrer sous des airs de présidentiable. Un voyage toutefois quelque peu harassant pour une candidate plus toute jeune.

12h. Une petite dizaine de personnes, rassemblées autour du vice-président régional Philippe Meirieu, attendent à la gare Part-Dieu l’arrivée d’Eva Joly. Un accueil chaleureux en petit comité, par des militants enjoués et accrochés à leurs portables. « Elle arrive, elle arrive », « elle descend du train », hurlent-ils dans l’écouteur. L’ambiance est joviale, Eva Joly rit à la vue du t-shirt d’un des militants, sur lequel sont imprimées ses fameuses lunettes rouges.

L’escouade se pose à quelques centaines de mètres de la gare, au restaurant Soline, un établissement bio et végétarien, qui cuisine des produits issus en partie de circuits courts. En matière d’écolo-compatibilité, on ne fait guère mieux à Lyon. Dès son arrivée au restaurant, elle se lance. Les lunettes rouges toujours à portée de main, elle défend de grandes valeurs : « seule une politique volontariste peut remédier à l’insupportable injustice et la souffrance qui est celle de mes compatriotes. Il faut une société pacifiée et plus juste ». Un discours qui fait mouche auprès d’un public de convaincus.

« Beaucoup de gens se sont inscrits (au parti, ndlr) pour moi. Je suis sereine et pleine d’espoir », affirme-t-elle à qui veut l’entendre. Tout en restant consensuelle : « C’est une erreur d’attaquer Hulot […]. Je pense que les attaques sont totalement inefficaces ». Une communication politique rodée. Les militants sont sous le charme. « Elle incarne le plus nos valeurs », s’exclame l’un d’entre eux.

Après le déjeuner, la candidate aux primaires s’en va rencontrer « le tissu associatif à Vaulx-en-Velin, pas forcément écolo, mais à caractère social », explique Elvan Uca, conseiller régional Europe Écologie – Les Verts. L’occasion pour Eva Joly de montrer que le programme qu’elle incarne ne se résume pas aux petites fleurs.

L’étape suivante l’amène dans une petite librairie de quartier à Villeurbanne, qui se veut « à taille humaine et proche de ses clients », selon la libraire, pour une séance de dédicaces. Le petit magasin est plein à craquer de fans d’Eva Joly. Des exclamations comme « elle est hyper forte Eva Joly » et « bon courage à elle » fusent dans une salle par ailleurs silencieuse et bien climatisée. Et tant pis pour le bilan carbone.

Dernière étape de la journée : les locaux d’Europe Écologie les Verts, dans le premier arrondissement pour une rencontre avec les militants. Suite à une introduction où sont répétés et défendus les principes de « développement économique sociale et solidaire  », chose pour laquelle « nous ne pouvons pas attendre », Eva Joly répond, visiblement fatiguée et hésitante aux questions de son audience. A la question sur les cinq grands axes de son programme, elle cite la légalisation du cannabis et le mariage homosexuel en numéro 3 et 4.

L’eurodéputée revient à plusieurs reprises sur son inexpérience en politique, affirmant qu’elle compte s’appuyer « sur ceux qui sont déjà là », et admet en riant que « certains sont plus compétents que moi ». Les traits tirés, Eva Joly se révèle alors petit à petit sous un nouveau jour : celui d’une grand-mère. Une grand-mère qui cite son petit-fils et dont le français est parfois approximatif. Comme quand elle affirme qu’« en Norvège, s’il y a de l’harassement fait aux employés, le chef d’entreprise est viré ».

Pas de quoi néanmoins entamer l’enthousiasme de ses partisans, toujours prêts à faire bloc si nécessaire. « Mais laissez-la répondre à votre question ! », s’exclament-ils tous ensemble, coupant la chique à un écologiste indépendant trop pointilleux sur les chiffres de leur championne. Est-ce que cela suffira pour remporter la mise face à Nicolas Hulot, qui viendra jeudi à Lyon ? Réponse le 24 juin à minuit.

Publié le : mercredi 15 juin 2011, par Mélanie Rauscher