Pour une interdiction de broyer la paille

Sécheresse : les éleveurs sur la paille manifestent leur désarroi

Une vingtaine d’éleveurs, accompagnés de deux chèvres, se sont rendus vendredi matin à la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) pour réclamer des mesures concrètes contre les hausses de prix de la paille et du foin. Ils ont été reçus par la direction qui leur a promis d’agir vite.

250 euros la tonne de foin, 120 pour la même quantité de paille, les prix ont doublés cette année. En raison de la sécheresse, les récoltes sont en baisse de 30% par rapport à la production habituelle, selon la préfecture du Rhône, et les prix s’envolent. « Le bénéfice normal d’une exploitation laitière est de 15 000 euros par an », calcule Blandine Drevet-Odouard, porte-parole de la Confédération paysanne de la Loire. « Avec cette hausse des prix, il ne reste plus rien. » « Soit les éleveurs vendent une partie de leurs bêtes, soit ils s’endettent au delà de ce qu’ils peuvent rembourser et finissent au RSA dans peu de temps », renchérit Vincent Rouzé, du collectif départemental du Rhône. Beaucoup réduisent donc leur cheptel. « Les abattoirs sont surchargés », souligne Blandine Drevet-Odouard.

Ce vendredi ils ont donc réclamé « un arrêté interdisant le broyage des pailles ». Le préfet du Rhône s’y refuse pour l’instant, renvoyant à la solidarité entre céréaliers et éleveurs. « Deux réunions ont été montées par la Chambre d’Agriculture pour faire passer ce message. Les effets ont été très positifs puisque de nombreux contrats de gré à gré ont été passés », indique la préfecture. Cela n’est pas l’avis des éleveurs. « La solidarité qu’on nous annonce, elle ne démarre pas », déplore Vincent Rouzé. « Dans d’autres département des arrêtés ont déjà été pris », avance un autre.

Autre souci, le transport de la paille chez les éleveurs. « Des contacts ont été pris avec les fédérations des transporteurs », assure Elisabeth Champalle, directrice adjointe de la DRAAF. Une mesure qui prend du temps car « les entreprises doivent embaucher du personnel supplémentaire », affirme-t-elle. « Il y a suffisamment de chômeurs », s’étranglent les paysans dans la salle. Ils demandent, eux, la mobilisation de l’armée et de la SNCF. « La SNCF ne s’investit pas suffisamment », reconnaît Elisabeth Champalle. Elle promet d’alerter le préfet et le ministre de l’agriculture. Pour les éleveurs, il y a urgence. « Lundi, ils annoncent du beau temps, le moissonneuses vont tourner », clame l’un d’eux. Autant de paille qui sera broyée si rien n’est fait.

Publié le : vendredi 17 juin 2011, par Michael Augustin