21 octobre 2010 : une date qui a marqué

Emeutes : le Collectif du 21 octobre attaque en justice

Que s’est-il réellement passé le 21 octobre 2010 à Bellecour ? Au plus fort des émeutes urbaines qui ont ébranlé la ville, les forces de l’ordre avaient retenu, entre 13h30 et 19h, plusieurs centaines de manifestants sur la place, formant un cordon autour de la foule. La préfecture se défend de tout abus de pouvoir et affirme que l’opération visait à contrôler une foule de casseurs. Le Collectif du 21 octobre, qui regroupe 42 organisations, parle, lui, de « 5 à 6 heures de garde à vue en plein air ». Aujourd’hui, 18 personnes, présentes sur la place Bellecour ce jour-là portent plainte individuellement contre « personnes non désignées », comme inscrit dans leur dossier.

« Y’a aucune raison que ce type d’évènement ne soit pas puni. Ça rappelle l’histoire proche de la France la plus nauséabonde », déclare Julien Hélary, un des 18 plaignants et membre du collectif. Le 21 janvier 2011, le premier dépôt de plainte avec constitution de partie civile avait été rejeté par le procureur. Le Collectif ne se résigne pas et demande désormais la nomination d’un juge d’instruction. Les griefs contre les actions policières de ce jour sont nombreux.

Les CRS sont accusés de détention arbitraire, de violation des libertés individuelles et du droit de manifester, contraires à la Constitution européenne des droits de l’homme. « Une détention hermétique, sans aucune entrée ni sortie possible. Elle était fondée sur aucun dispositif légal et a duré une longue après-midi pour plusieurs centaines de personnes », explique l’avocat des plaignants, Maître Sayn. Il ajoute que la manifestation était pacifiste, les mesures prises donc démesurées, selon lui.

Mais les CRS sont aussi accusés de discrimination, violence et de tri au faciès : « On a entendu "vous, vous avez la peau blanche, vous pouvez y aller". Il y avait réellement de la discrimination au faciès », estime Mme Kisrane, secrétaire de la Fédération MRAP Rhône.

Le collectif est à présent dans l’attente de la désignation du juge d’instruction. « Avant l’été », souhaite Maître Sayn. Ils espèrent que cette plainte permettra de mener une réelle enquête et de sanctionner les donneurs d’ordres. « Il y a un véritable débat démocratique et de fond », se félicite l’un des membres du collectif. « La majorité des plaignants individuels qui étaient là au début sont toujours dans la plainte », ajoute Armand Creus, conseiller régional Front de gauche. Même les syndicats sont solidaires : « Ce n’est pas dans nos habitudes en tant qu’organisations syndicales, de porter plainte. On appelle plus à manifester. Mais il ne faut pas se laisser faire ».

En attendant, le Collectif organise des journées d’informations dans un cadre festif et artistique, telles une exposition de caricatures et de photos par exemple. « Pour le 21 et 22 octobre, nous voulons marquer le coup, pour informer et apporter des interprétations de différents champs », explique un militant. Le programme de l’évènement reste toutefois encore à définir. Il est question de débats, de musique et d’apéros.

Publié le : jeudi 23 juin 2011, par Mélanie Rauscher