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Cinéma

Ni à Vendre, Ni à Louer

Le temps d’un week-end, la côte atlantique accueille des personnages très différents les uns des autres : un couple de retraités issu d’une classe modeste, deux couples et une famille lambda, un sadomasochiste et sa maîtresse, une famille en deuil, deux SDF voleurs, un couple de punks. Leurs parcours se croisent ou s’évitent dans une œuvre onirique et burlesque, signée Pascal Rabaté.

« C’est un film un peu libertaire, dans le sens où c’est un propos libre sur les petites histoires », explique Pascal Rabaté, le réalisateur. Le film aborde des thèmes essentiels, omniprésents dans la vie du commun des mortels, comme l’amour, le sexe, les relations humaines, la mort… et la diversité sociale : « Parler des gens d’en bas, c’est un des symboles », dixit le réalisateur.

Le spectateur, lui, est plongé dans un univers sans paroles. Seulement certains cris, murmures, bredouillements se font entendre, comme des onomatopées. Pas étonnant, puisque le réalisateur est avant tout dessinateur de BD. Un silence qui laisse la part belle à l’image et à l’imaginaire et apporte une réelle fraîcheur à l’œuvre. L’absence de langage n’en est pas une, puisque « tout est langage dans le film », nuance Maria de Medeiros, une des actrices. En ressort une œuvre poétique, dans laquelle les lieux, les couleurs vives et le jeu des acteurs sont mis en exergue : « Il fallait des éléments de décor qui ont une histoire et qui transpire à l’écran », souligne le dessinateur.

La juxtaposition d’histoires banales mais qui débouchent sur des évènements invraisemblables résulte en un ensemble burlesque. Seul point négatif : le comique de la situation fait sourire au départ, mais devient lassant au fil du film. Néanmoins, les rebondissements, à la fois excentriques et cocasses, n’en finissent pas de surprendre le spectateur : « C’est un peu comme un jeu de domino : les blagues s’enquillent », dixit Pascal Rabaté. Et sans jamais tomber dans la parodie ou le cynisme.

Enfin, Ni à Vendre Ni à Louer traite de façon subtile de la crise que traverse la société : « On va filmer quelque chose d’authentique, du vrai ». La majorité des personnages provient d’un milieu modeste. Même le sadomasochiste, le plus fortuné, se retrouve nu, dépouillé de tous ses biens. Le supermarché Diagonal, un lieu clé que fréquentent de nombreux personnages, est en faillite, les rayonnages sont dégarnis et des autocollants remplacent les produits manquants. « C’est le constat de ce qui reste des congés payés en 2011 », explique Pascal Rabaté. Finalement, la solution ne serait-elle pas de s’évader le temps d’un week-end de printemps sur la côte atlantique ? Ou alors réformer un système basé sur la transaction et clamer haut et fort que c’est Ni à Vendre Ni à Louer ?

Entre le tragique et le comique, la grandeur morale de certains et la petitesse sociale d’autres, l’aventure s’annonce insolite. Une excentricité pour parler de choses simples. C’est un film à voir, à condition de se laisser emporter par la poésie de l’œuvre.

- Long-métrage français
- Genre : comédie
- Réalisé par Pascal Rabaté
- Avec Jacques Gamblin, Maria de Medeiros, François Damiens, Dominique Pinon...
- Durée : 1h20
- Sortie : 29 juin

Publié le : mercredi 29 juin 2011, par Mélanie Rauscher