Le projet qui divise les socialistes lyonnais

Ecole Marie Bordas : un projet controversé

Le torchon brûle entre la majorité PS du 8ème arrondissement et celle de la mairie centrale. L’objet de toutes les discordes : la restructuration du groupe scolaire Marie Bordas. Dès la rentrée prochaine en septembre, cette dernière sera détruite. Une nouvelle école, deux fois plus grande, devra la remplacer sur le même terrain. Pour gagner de l’espace, le projet prévoit un bâtiment à étage avec une cour de récréation sur le toit. Les élus de l’arrondissement récusent un passage en force, sans concertation préalable avec les premiers concernés : les parents et habitants du quartier.

Christian Coulon ne décolère pas. Pour le maire du 8ème arrondissement, il est « hors de question que mon nom soit attaché à ce projet. » Il déplore avant tout la précipitation avec laquelle le dossier a été monté, dans un quartier en grandes difficultés. Au Moulin à vent, où se situe l’école, la population a tellement augmenté qu’il a fallu ouvrir des classes supplémentaires il y a trois ans. L’école Marie Bordas a ainsi muté dans l’urgence, passant d’une simple école maternelle à un groupe scolaire en accueillant des classes d’élémentaire.

Cette hâte surprend et choque les parents d’élèves. « Nous n’avons eu qu’une seule réunion avec la mairie centrale et c’était pour la présentation du projet achevé », s’étrangle leur porte-parole Bertrand Delemontey.

Le besoin d’une école à taille humaine

« 18 classes c’est beaucoup trop gros, trop difficile à gérer, il aurait mieux valu construire une deuxième école », reproche le représentant des parents d’élèves. Une revendication partagée par l’opposition municipale, dont Nora Berra s’est faite la porte-parole lors du dernier conseil municipal : « Ce projet entasse 526 élèves sur un site inadapté, ce qui en fera l’un des groupes scolaires les plus peuplés de la ville, » assène-t-elle.

Dans le quartier, les habitants auraient préféré des travaux en deux temps : rénover d’abord l’école Marie Bordas et ensuite en construire une deuxième. Le maire d’arrondissement Christian Coulon avait d’ores et déjà proposé un autre terrain. Une solution qui offrirait, selon lui, l’avantage « d’une plus grande mixité sociale. » La proposition n’a pas été retenue par le maire de Lyon.

Pas d’alternative possible ?

A la mairie centrale, on n’entend pas céder. A l’époque, aucun autre terrain n’était disponible, martèle Yves Fournel, adjoint à l’éducation à la ville de Lyon. Faux, répond Franck Lévy, adjoint aux affaires scolaires dans le 8ème. « C’était peut-être le seul terrain publique disponible, mais la mairie aurait très bien pu chercher du côté du privé. Tout est question de volonté. »

Un avis partagé par Bertrand Delemontey, qui ne décolère pas a propos de la configuration du nouveau bâtiment : « La cour de récré des maternelles sur le toit, c’est aberrant. Les enfants seront privés de verdure et exposés à la chaleur en été. » D’autant plus que la nouvelle école sera peu modulable, selon lui : « Ce sera très difficile de changer la configuration des classes en fonction du nombre d’élèves. »

2 ans de travaux

Pendant les travaux, les élèves seront répartis entre deux établissements. Les élémentaires iront à l’école Charles Peguy (boulevard des États-Unis) et les maternelles à Alain Fournier (avenue Viviani). « Je ne veux pas que les enfants restent vers le chantier, ils doivent être au calme durant les travaux, » se justifie Christian Coulon.

Une démarche applaudie par les parents d’élève. « On a été écoutés, on a eu énormément de réunions avec Franck Lévy pour nous organiser », se réjouit Bertrand Delemontey. Afin de rassurer les parents sur l’état des locaux qui accueilleront leurs enfants à la rentrée, la mairie avait même organisé des visites en juin dernier.

Publié le : mardi 19 juillet 2011, par Eve Renaudin