Expulsion d’un immeuble dans la 7ème

Squat : des Roms au tribunal, privés d’avocat

Coup d’éclat au Tribunal de grande instance de Lyon, ce mardi 26 juillet. Les huit familles roms jugées pour occupation illégale d’un immeuble dans le 7ème arrondissement ont dû se passer de leur avocate. Après avoir vu sa demande de report refusée, celle-ci a claqué la porte. C’est alors une militante de l’Alpil qui a assuré la défense des squatteurs.

« Je n’ai pas eu le temps de monter le dossier et je n’ai pas les moyens matériels de les défendre. J’ai demandé un report, mais celui-ci ayant été refusé, je m’en vais », déclare Maitre Sophie Hassid, agacée. L’avocate n’a été chargée de l’affaire que le 21 juillet, soit 5 jours avant le comparution. Insuffisant pour préparer la défense, a-t-elle jugée, avant de refuser de plaider. « Le cadre estival n’a pas joué en notre faveur, car la demande de report aurait repousser le jugement au mois d’octobre », a commenté Méline Revellin qui a dû reprendre le flambeau au pied levé. « Les conditions n’étaient donc pas optimales, mais je pense que le juge a entendu qu’il y a des familles derrière cette occupation. »

Méline Revellin, membre de l’Action lyonnaise pour l’insertion sociale par le logement (Alpil), a rappelé dans sa plaidoirie le « manque criant d’hébergements » et que les Roms se sont installés « par défaut » dans l’immeuble abandonné « suite à la fermeture des gymnases ».

Depuis début juillet, huit familles de Roms, dont 25 enfants, squattent un immeuble abandonné au 63 rue Montesquieu. Le 13 juillet, ils ont reçu la convocation au Tribunal de grande instance, assignés par le Grand Lyon, propriétaire de l’immeuble. De nombreuses associations se sont rendues au tribunal pour soutenir les familles : Alpil, Ligue des droits de l’homme, Classes, Demeurant partout, Fondation Abbé Pierre...

Maître Samuel Becquet, l’avocat du Grand Lyon a quant à lui souligné l’illégalité de la situation :« C’est un emménagement à l’insu du propriétaire et lors duquel il y a eu des dégradations ». Il exige une expulsion à effet immédiat : « 18 logements sociaux doivent être construits avant fin 2011. C’est pour ça qu’il est vide, le Grand Lyon y a un projet ».

Un débat peu évident dont a conscience la représentante de l’Alpil : « On souhaite qu’il y ait plus de construction de logements sociaux, mais aussi un équilibre avec les expulsions ». Si le Grand Lyon obtient gain de cause, les familles roms se retrouveront à la rue : « On rentre dans le cycle expulsion et réouverture d’un squat sans cesse », s’irrite Méline Revellin. « Comme d’habitude, ils sont mis à la porte et ils se débrouillent », s’exaspère Jacques Dumortier, président de la Ligue des droits de l’homme du Rhône. Certaines de ces familles ont déjà été expulsées 6 fois de différents squats. Le jugement a été mis en délibéré au 29 juillet.

Publié le : mardi 26 juillet 2011, par Mélanie Rauscher