Les tribus de Lyon - épisode 8

Médiévistes : mi-historiens, mi-combattants

Côtes de mailles, tuniques de cuir, armures, boucliers, lances, … Pour certains, ces accessoires ne font pas uniquement partie des décors d’un film. Mais, loin du folklore chevaleresque et des déguisements de carnaval, les adeptes de la reconstitution médiévale opèrent un travail d’historiens pour recréer un mode de vie disparu depuis des siècles. Portrait d’un passionné.

« J’ai toujours été intéressé par l’histoire, c’est pourquoi j’ai fait des études dans cette branche, » raconte Romain, « seulement à un moment, les livres ne m’ont plus suffi, il me fallait du concret. » C’est pourquoi, avec quelques amis, le jeune homme de 25 ans s’est lancé dans la reconstitution médiévale il y a quatre ans.

Les amateurs se sont alors mués en chercheurs. Car créer sa compagnie est plus facile à dire qu’à faire. Il s’agit tout d’abord de choisir un lieu donné et une période, afin d’assortir les costumes. « Une troupe mêlant des guerriers scandinaves du Xe siècle avec des Francs du XIIe, c’est pas possible, pas historique, » plaisante Romain. Une erreur que les autres participants d’un rassemblement médiéval auraient tôt fait de souligner. Les médiévistes s’avèrent extrêmement pointilleux sur la réalité historique.

Un entraînement à la dur

Une fois la période choisie et l’équipement acquis, il faut apprendre à le manier. « L’escrime médiévale est totalement différente de l’escrime classique, les appuis ne sont pas du tout les mêmes, » explique le jeune homme. L’entraînement débute donc, après les échauffements de rigueur, par une série d’exercices visant à améliorer l’équilibre. Romain poursuit : « en escrime classique, on se tient une jambe en avant, légèrement de biais. En médiévale, les deux jambes sont parallèles. » Le but est de savoir résister à une frappe de face, même quand il s’agit d’un coup de pied sur le bouclier ou la charge d’un adversaire de 90 kilos. Le tout équipé d’une côte de maille de 14 kilos, d’une épée ou d’une hache ainsi qu’un bouclier en bois et fer. Un véritable entraînement militaire, version Moyen-âge.

Puis vient l’apprentissage de l’escrime proprement dit. Frapper l’adversaire, le désarmer, toucher les points vitaux tout en parant les coups. Bien évidemment, les entraînements se font avec des épées en bois mais les techniques de combat sont toutes authentiques. « Nous nous basons sur des manuscrits d’escrime datant de la période que nous souhaitons reconstituer, » confirme Romain. Un travail de longue haleine qui nécessite à la fois des connaissances historiques approfondies et une condition physique impeccable. Le clou du spectacle ? « On met face à face quelqu’un de complètement désarmé avec quelqu’un en équipement complet. Celui sans arme doit alors prendre l’épée de son adversaire, » raconte le médiéviste.

Une réelle passion pour l’histoire

En dehors de la reconstitution, Romain étudie également l’archéologie. Dans son esprit, les deux sont totalement complémentaires. La reconstitution lui offre la possibilité de mettre ses découvertes en pratique. « J’ai recommencé à fouiller depuis quelques temps. Avec un ami nous faisons quelques sorties archéologiques et nous avons mis de côté la reconstitution pour le moment, » explique Romain. Avant d’ajouter : « mais nous y reviendrons dès que nous aurons assez de matériel historique sur la région que nous étudions. »

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Publié le : mercredi 10 août 2011, par Eve Renaudin