A Lyon aussi, deux styles s’opposent
Une seule et même campagne, deux candidats, deux approches diamétralement opposées. Décors, démarche, ambiance, tout séparait ce jeudi matin les soutiens lyonnais des deux candidats à la primaire socialiste. Campagne très people pour soutenir François Hollande, campagne de terrain chez Martine Aubry.
Gérard Collomb avait convoqué la presse à 10h au Chalut, le restaurant de l’hôtel Axotel Perrache pour un petit déjeuner. Pour remplir la salle, le maire de Lyon avait fait marcher son carnet d’adresses : personnalités culturelles, économiques et politiques, parmi lesquelles quelques anciens soutiens de Ségolène Royal et Manuel Valls. Guy Darmet, ex-directeur de la Maison de la Danse, annonce la couleur : « Queyranne et Collomb sont deux personnalités politiques majeures de notre région. C’est normal de les accompagner dans leur démarche, eux qui nous ont toujours soutenus ».
Assis à une longue table, 12 proches du maire, issus de la société civile, appelés tour à tour à prendre la parole : Claudia Stavisky (directrice du théâtre des Célestins), Cyrille Bonin (directeur du Transbordeur), Sylvie Burgat (directrice des Biennales de Lyon), Thierry Téodori (directeur de la Halle Tony Garnier), les chefs d’entreprise Gaëtane Hazeran et Mickael Cazarian, ou encore, à distance depuis les mondiaux de gymnastique de Tokyo, le barriste Yann Cucherat.
A l’unisson, ils louent le côté « rassembleur » et « consensuel » du candidat corrézien, soulignent sa « vision globale et transversale ». « C’est le candidat des braves gens », s’écrie Gaëtane Hazeran, l’ancienne présidente de l’association Action’elles, qui dit apprécier son « côté provincial ».
En face, on est persuadé que le maire de Lyon se trompe de campagne. « La société civile, c’est nous », s’écrie Amandine, une jeune militante socialiste, qui bat la campagne pour Martine Aubry. Dans le Rhône, la candidate peut compter sur 660 bénévoles, selon le comptage d’Annie Guillemot. « Nous sommes en campagne depuis le mois de juin », affirme la maire de Bron. « On parle politique sur le trottoir, devant les écoles, les hôpitaux », s’enflamme Nathalie Perrin-Gilbert, debout depuis 6h ce matin-là. « On a redonné goût à la politique aux gens. » Une campagne de proximité assumée. « On ne change pas une méthode qui gagne », clame la mairesse du 1er. Dans son arrondissement, Martine Aubry était arrivée en tête avec 38,42%.
La réunion organisée par Gérard Collomb « est le signe qu’ils sont inquiets, soucieux, ce qui n’est pas notre cas », persiffle Farida Boudaoud, vice-présidente du Conseil régional et aubryiste convaincue. « Ils sont dans une logique de congrès », raille la mairesse du 1er Nathalie Perrin-Gilbert, autre soutien, « on est entre nous et on orchestre des ralliements. » « Les Français sont beaucoup plus en avance que la classe politique », conclut Farida Boudaoud.
Malgré les sondages toujours favorables au député corrézien, le camp Aubry veut y croire. « Le second tour est beaucoup plus ouvert que certains veulent nous le faire croire. Personne n’est propriétaire de ses électeurs », analyse le député Pierre-Alain Muet. Et tous lorgnent les 17,1% d’Arnaud Montebourg. « Ceux qui l’ont choisi au premier tour nous ont dit qu’ils voteraient pour Martine Aubry », raconte Faustine, qui a tracté à la fac. Elle croit à « un report des voix quasi total ».
Chacun y va de ses raisons personnelles pour soutenir la maire de Lille. Nicolas Simiot, coordinateur dans le 7ème pointe « les convergences avec les écologistes », Nathan, la « sortie du nucléaire et l’allocation d’études », expliquant que « beaucoup d’étudiants doivent travailler pour financer leurs études, c’est autant de temps perdu. » Quentin, lui, apprécie « l’expérience » de sa candidate, tandis qu’Anna, 90 ans, qui se présente comme « ancienne combattante qui combat toujours », pense que « toutes les mémés comme moi voteront Aubry pour avoir une femme présidente avant de mourir. »
Publié le : jeudi 13 octobre 2011, par