Ligue des Champions / Zagreb-Lyon (1-7)

Lyon, où le miracle croate

Au terme d’un match fou, marqué notamment par une seconde période d’anthologie, l’Olympique Lyonnais a déjoué tout les pronostics, mercredi soir, à Zagreb (7-1). Leur large victoire, combinée à celle de Madrid à Amsterdam (3-0), les envoie en 1/8èmes de finale de Ligue des champions. A l’image de Glasgow (2007), ou de la qualification obtenue à Madrid (2010), l’OL a écrit une nouvelle page de son histoire européenne.

L’OL connaissait précisément les conditions pour accéder en huitième de finale de Ligue des champions : un succès à Zagreb était impératif, couplé à une victoire madrilène à Amsterdam. Mais à ces deux conditions s’ajoutait un troisième critère, donnant encore un peu plus d’incertitudes aux chances de réussite des Gones : Lyon, troisième du groupe D, devait, à travers ces deux rencontres jouées à distance, remonter sept buts à l’Ajax d’Amsterdam, deuxième. Mission impossible. Ou presque, puisque les Lyonnais l’ont fait.

Mais ce ne fut vraiment pas simple. Les Gones, sur une bonne dynamique actuellement (victoires à Auxerre 3-0 et contre Toulouse 3-2), comptaient sur leurs forces en présence pour déjouer les pronostics. Premier coup dur : Michel Bastos, principal atout offensif du moment, déclarait forfait pour le match, victime de douleurs dorsales à l’entraînement mardi. Surprise : Lisandro Lopez, en pleine bourre lui aussi (et auteur de trois buts lors des deux derniers matchs), n’était pas titularisé par Rémi Garde.

La composition d’équipe avait d’ailleurs de quoi intriguer : l’attaquant argentin, donc, mais aussi Källström, Ederson et Réveillère étaient laissés au repos, eux qui constituent les principaux éléments de satisfaction de l’OL version Garde. Dabo, Fofana, Gourcuff et Lacazette étaient alignés d’entrée, comme une façon de symboliser que le destin de l’OL appartenait à ses jeunes. Et petit à petit, s’ils n’étaient pas vraiment tranchants, les Gones parvenaient à se libérer.

L’expulsion qui change tout

Le match commençait doucement, avec des Lyonnais maladroits mais désireux d’inscrire beaucoup de buts à la pire défense de la Ligue des champions. Jimmy Briand, bien décalé par Gourcuff, ne trouvait pas le cadre en piquant son ballon (15’). Mais c’est un autre joueur, hors du coup, qui se montrait hors sujet et sortait... hors du terrain. Jerko Leko, ancien joueur de l’AS Monaco, accrochait les maillots de Lacazette (10’) et Gomis (26’) : deux gestes d’anti-jeu que l’arbitre sanctionnait par deux cartons jaunes : le joueur était expulsé avant la demi-heure de jeu.

Malgré leur supériorité numérique, les Lyonnais n’arrivaient toujours pas à prendre le dessus, et c’est Zagreb qui, au contraire, se montrait dangereux, par Sammir (19’) puis Ibanez (35’). Deux tirs bien captés par Lloris. En revanche, si le gardien International s’interposait de façon magistrale face à deux nouvelles frappes de Beqiraj, il ne pouvait rien sur celle de Kovacic, qui profitait d’une largesse de Cissokho pour donner l’avantage aux siens (0-1, 39’).

Bafé Gomis, absolument transparent jusque-là, allait alors se mettre en marche et activer la machine olympienne.

Gomis dans l’histoire

Le buteur lyonnais égalisait juste avant la mi-temps après un bon centre d’Aly Cissokho (1-1, 44’) : Lyon revenait dans le match, mais n’était pas à la hauteur de l’enjeu. Après un quart d’heure de repos et de recadrage de la part du coach, les Gones rentraient sur le terrain déterminés, d’autant que le Réal Madrid leur facilitait le travail en menant 2 buts à 0 sur la pelouse d’Amsterdam. Sur un corner, Gonalons surgissait et marquait involontairement du genou gauche après une remise de la tête de Briand (2-1, 47’) : le Lyon était réveillé.

Bafé Gomis, déjà buteur, enfonçait ensuite le clou sur des passes de Briand (3-1, 49’) et de Cissokho (4-1, 51’). Réalisé en sept minutes, sa performance fait d’ailleurs de lui le joueur ayant inscrit le triplé le plus rapide de l’histoire de la Ligue des champions. Il était même tout proche du quadruplé sur une nouvelle offensive rhodanienne (53’). Un vent de folie soufflait sur les hommes de Rémi Garde, et les poussait inexorablement vers un exploit retentissant. Illustrations à l’heure de jeu : Gomis touchait le poteau d’une reprise acrobatique (63’), mais Lisandro, tout juste entré en jeu, ne manquait pas le cadre (5-1, 64’). Le rêve était en marche. Il prenait même forme lorsque Gomis, encore lui, ajoutait une unité à son compteur personnel, profitant d’un bon centre de Cissokho (6-1, 70’).

Lyon était alors qualifié, mais pas à l’abri d’un but croate ou néerlandais, qui les aurait alors mis de nouveau hors-course. Il convenait donc de prendre une petite avance, sous forme de joker. Ce confort, c’est Jimmy Briand qui l’offrait aux Gones à un quart d’heure du terme de la rencontre (7-1, 76’). Il ne pouvait alors plus rien arriver aux Lyonnais, d’autant que le Réal Madrid enfonçait lui aussi le clou de son côté, gagnant 3 buts à 0 à Amsterdam.

Alors que peu de monde y croyait, Lyon s’est qualifié miraculeusement hier soir, en Croatie. Le principal fait du match aura été l’expulsion de Jerko Leko, qui laissa ses partenaires jouer à 10 contre 11 pendant plus d’une heure. L’OL a ainsi pu prendre l’ascendant psychologique et le dessus physique. Voilà aussi une performance qui met à mal les statistiques et les pronostics exprimés avant la rencontre.

Une belle façon de nous prouver que le foot n’est pas qu’une histoire de chiffres et d’argent...

Publié le : jeudi 8 décembre 2011, par Mikhaël Defoly