Législatives : « Ils sont devenus fous »

Cécile Duflot et Benoit Hamon chahutés par l’équipe de Braillard

Triste spectacle vendredi matin dans les rues de Gerland. Alors que Cécile Duflot et Benoit Hamon étaient attendus sur le marché Jean-Jaurès (Lyon 7ème) pour prêter main forte à Philippe Meirieu, une vingtaine de sympathisants de Thierry Braillard s’étaient rendus sur place pour perturber la visite ministérielle. Qui s’est alors transformée en jeu du chat et de la souris dans les rues de Lyon.

L’ambiance est électrique au croisement des rues Debourg et Jean-Jaurès. Équipés de porte-voix, tracts, affiches, les soutiens de Thierry Braillard s’agitent. « Les Verts ne sont pas solidaires », justifie Simone Daret, une militante PS du 5ème, venue soutenir l’adjoint aux sports de la mairie de Lyon. Tandis que « Thierry Braillard n’a jamais manqué de clairvoyance pour soutenir la gauche. »

Les affiches de Philippe Meirieu sont systématiquement arrachées ou recouvertes, ses sympathisants accueillis sous les huées. Un spectacle digne d’une élection étudiante mais qui laisse de marbre les rares clients du marché venus braver une pluie battante.

Face à l’excitation du camp en face, l’équipe de Philippe Meirieu renonce finalement à la traditionnelle visite de marché. Militants et journalistes se dirigent alors vers la place des pavillons et la brasserie le Métropole où devait avoir lieu un point presse.

Aussitôt suivis par l’équipe de Braillard, qui arrive sur les lieux quelques minutes plus tard. Tandis qu’un militant, les bras chargés de tracts à l’effigie du candidat dissident, parvient à forcer le barrage à l’entrée de l’établissement, les autres se postent à l’extérieur en attente de l’arrivée des deux ministres.

« C’est assez bizarre qu’on se fasse accueillir comme ça », se désole un militant PS du 8ème qui soutient Meirieu. « Dans ma section, ça fait plusieurs mois que je n’ai plus le droit d’envoyer des mails aux autres militants. J’ai voulu relayer la lettre de soutien de Michel Rocard à Philippe Meirieu mais je n’ai pas pu. » Puis, nouveau changement de programme. Rendez-vous est donné aux journalistes au JT Bar, cours Bayard (Lyon 2ème).

A 9h55, Philippe Meirieu arrive, encadré par les deux ministres pour une conférence de presse d’une demie heure dans l’arrière-salle exiguë du bar. « On a délibérément refusé la logique de l’escalade et de la confrontation. Ce sont des querelles qui sont bien éloignées des préoccupations de ceux qui habitent ce pays », commente la cheftaine des Verts, avant de dénoncer « des violences politiques » contraires « au débat démocratique ».

Il est alors beaucoup question de « rassemblement », « dialogue » et « consensus ». « Après le premier tour, il faudra réparer, il faudra recoudre, il faudra rassembler », martèle Benoit Hamon, peu convaincu.

A peine un quart d’heure passé, ça commence à s’agiter à l’extérieur. Une pile de tracts de Braillard sous le bras, une dame a fait irruption dans le bar, vociférant et proférant des insultes. Peu après, les autres sympathisants du candidat dissident arrivent. La conférence de presse est alors écourtée et les deux ministres se précipitent sous escorte policière dans deux voitures amenées spécialement et partent rejoindre la gare.

« C’est ça la campagne de Braillard à Lyon », se désole Raymonde Poncet, conseillère générale écologiste de la Croix-Rousse. « C’est de l’hystérie. Ils sont devenus fous ! » « Je suis sidérée par ce comportement », embraie la conseillère régionale Fatiha Benahmed. « Il y a du chômage, des jeunes sans formation, des gens qui dorment dehors. Il faut passer à des choses sérieuses. »

Publié le : vendredi 8 juin 2012, par Michael Augustin