Protocole signé

Les retenues collinaires font des vagues

L’heure était à l’apaisement pour le préfét lors de la signature du protocole de retenues d’eau à usage agricole dans la région.« Chacun ravale ses leitmotivs venus d’autre temps et écoute ses voisins », déclarait Jean-François Carenco mardi soir à la préfecture. Les ouvrages en question, rempli principalement d’eau de surface et de ruissellement, sont en constante augmentation. Problème, ils perturbent la faune et la flore en baissant le niveau des débits d’eau.

La bataille ne semble donc pas terminée entre, d’un coté, le préfet, la Chambre d’Agriculture de Rhône-Alpes, l’Agence de l’Eau, et l’Union Régionale des Fédérations de Pêcheurs. Et de l’autre, la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna).

Prémices de cet affrontement, un recours en référé de la part de la Frapna, visant à suspendre l’exécution de l’autorisation préfectorale sur la création d’une retenue collinaire à Bessenay, dans les Monts du Lyonnais. En juin 2011, le préfet et d’autres structures concernées avaient signées un accord sur la création de ces bassins afin de favoriser l’agriculture sur ces sols rocheux absorbant peu la pluie. Le tribunal administratif de Lyon a confirmé l’arrêté du préfet du Rhône en janvier 2012. Jean-François Carenco enfonçait le clou mardi : « il faut que les agriculteurs restent sur les monts du lyonnais et dans la Loire ».

La Frapna a préféré ne pas signer ce protocole et être un simple « témoin » . « Une de nos craintes est que la signature de ce protocole soit agitée devant les tribunaux », explique Jacques Pulou, du Comité de bassin Rhône-Méditerranée de la Frapna. « Même si ce protocole marque une avancée, ce plan est plus un faisceau de bonnes intentions, sans réel encadrement. Nous ne voudrions pas faire croire aux agriculteurs qu’ils peuvent faire des rétentions de partout. »

L’agriculture irriguée est en effet un enjeu de taille en Rhône-Alpes. Elle y représente 10% de la surface agricole, soit 141 300 hectares. Et cela risque de continuer, à en croire Jean-François Carenco, prédisant « une extension de la zone de climat méditerranéen sur une grande partie de la région ».

Le changement de gouvernement pourrait donner un avantage à la Frapna. La ministre de l’agriculture Delphine Batho envisage d’abandonner deux projets de décrets annoncés par Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy, visant à construire des retenues collinaires sans enquête publique. Elle devrait pour cela engager des concertations avec le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll, les agriculteurs et les associations de protection de la nature « pour tout remettre à plat ».

Publié le : vendredi 20 juillet 2012, par Bruno Poncet