Nuits de Fourvière

Ave Maria pleine de grâce

Deux représentations de la dernière création de la chorégraphe et danseuse de flamenco Maria Pagés Utopia ont enflammé la colline de Fourvière. Un spectacle sublime qui a enchanté les nombreux Lyonnais qui ont fait le déplacement.

Lorsque Maria Pagés commence à déployer ses longs bras, et à les ouvrir tel un oiseau, toute la scène lui appartient. Son dos occupe tout l’espace. Vêtue d’un costume sombre et moulant, elle est un étalon libre et fougueux qui danse, sublime de majesté, de colère, de puissance – et de féminité aussi. Une danseuse flamboyante, immense, qui a composé une chorégraphie très précise, très travaillée, offrant au regard des spectateurs enthousiastes des tableaux vivants se mouvant ou se figeant au son des coups de tonnerres des claquettes.

Une création remarquablement servie par les danseurs et les musiciens de sa compagnie : trois guitares sèches, un violoncelle, une percussion et sept danseurs. Sans oublier un cavaquinho, sorte de petit ukulele, ni les puissantes voix des deux chanteurs de flamenco, Ana Ramon et Juan de Mairena. A travers eux, c’est la liberté qui est chantée, une liberté mille fois désirée, bafouée, revendiquée, muse des combats passés, présents et futurs. Un cri pour la beauté et la liberté porté par des textes de Charles Baudelaire, Mario Benedetti, Miguel de Cervantes, Antonio Machado, Larbi El Harti, Pablo Neruda, Marcelo Diniz sans oublier ceux d’Oscar Niemeyer.

Hommage à Oscar Niemeyer

C’est à la suite d’une rencontre avec ce visionnaire de l’architecture que Maria Pagés a créé Utopia à l’automne 2011 au Centre Niemeyer d’Avilés en Espagne. Mondialement connu depuis sa participation à la création de la nouvelle capitale administrative du Brésil, Brasilia, inaugurée le 21 avril 1960, cet architecte brésilien est également un humaniste dont toute la vie a été guidée par des valeurs telles que l’intégrité et la solidarité.

Maria Pagés a souhaité rendre hommage à l’homme engagé ainsi qu’à l’architecte en imaginant un décor composé en hauteur de trois lignes sinueuses et mobiles, aussi aériennes et légères que les croquis volants d’un architecte rêveur, et au sol, d’un chemin qui serpente autour de la scène. Ses robes, qu’elle a dessinées elles-mêmes, rouge, puis noire et rouge, puis blanche, montrent la voix d’un monde meilleur, un monde de paix et de beauté. C’est pour cette utopie-là, pour ce monde là qu’Oscar Niemeyer s’est battu toute sa vie. C’est pour ce monde là que Maria Pagés danse, offrant toute sa force et sa grâce. Amen.

Publié le : jeudi 26 juillet 2012, par Florence Leray