Les No-TAV aux Brotteaux

Hollande et Monti confirment le Lyon-Turin

Alors que la Cour des comptes a sévèrement épinglé le Lyon-Turin, François Hollande et Mario Monti ont affirmé leur soutien au projet qui prévoit la construction d’une ligne à grande vitesse entre les deux pays. Pendant ce temps, les opposants ont donné de la voix aux Brotteaux.

« C’est un engagement pour l’Europe », s’est enthousiasmé le président français lors du sommet franco-italien, qui a eu lieu le 3 décembre à Lyon. L’occasion de relancer un dossier bien mal en point.

Évoqué depuis plus de 20 ans, le projet qui doit mettre Lyon à 1h47 de Turin (contre 3h30 aujourd’hui) et Paris à 4h02 de Milan (7h08 actuellement), a connu un sérieux revers. La Cour des comptes française a en effet jugé que les prévisions de trafic ont été surestimées, tandis que le coût du projet a été multiplié par deux. Elle considère que le financement est « non défini », le pilotage du projet « insuffisant » et la rentabilité socioéconomique « faible ».

Les No-TAV donnent de la voix

Le rapport de la Cour des comptes est du pain béni pour les opposants au projet qui avaient appelé à un rassemblement aux Brotteaux. Un rassemblement qui avait un peu de mal à se former. A 12h, l’heure annoncée, seuls une centaine de Français étaient sur place, armés de quelques drapeaux savoyards et de banderoles contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais point d’Italiens.

L’un de leurs douze cars était en effet bloqué à Saint-Jean-de-Maurienne et les autres attendaient qu’il puisse repartir. De quoi exaspérer les manifestants sur place. « C’est une violation flagrante du droit de libre circulation et de la Convention européenne des droits de l’homme », s’est écrié Paolo Prieri, l’un des coordinateurs du mouvement côté italien. Ce n’était finalement qu’à 15h30 que les cars sont arrivés. Un petit millier de personnes étaient alors rassemblées devant l’ancienne gare des Brotteaux.

En même temps, François Hollande et Mario Monti terminaient leur conférence de presse à la préfecture, annonçant la ratification, début 2013, d’un accord signé le 30 janvier dernier entre Nicolas Sarkozy et le président du conseil italien. « Il avait été dit, à juste raison, par la Cour des comptes qu’il manquait un pilote au Lyon-Turin », a reconnu le président français, annonçant qu’un « promoteur public » allait être créé en 2013, chargé notamment de coordonner les études. Rien de nouveau toutefois, le dispositif était déjà prévu dans l’accord signé en janvier.

Reste à financer le projet. Si la participation de l’Europe aux études préalables est acquise à hauteur de 50%, rien n’est encore décidé quant au coût du percement du tunnel. Les deux chefs d’état espèrent une subvention de 40%, soit quelque 3,4 milliards d’euros, laissant 2,9 milliards à l’Italie et 2,2 à la France. François Hollande a toutefois reconnu qu’il faudra « un travail de conviction » pour les arracher.

« Le budget consacré par l’Union européenne aux infrastructures sera compris entre 17 et 21 milliards d’euros pour la période 2013 à 2020 », a indiqué Jean-Jack Queyranne, « contre 10 milliards entre 2007 et 2013 ». De quoi rendre le président du Conseil régional Rhône-Alpes optimiste : « Le Lyon-Turin fera partie des cinq projets majeurs en Europe », veut-il croire, l’Italie étant le deuxième client et troisième fournisseur de la France.

Pas de quoi convaincre les opposants qui dénoncent des « mensonges d’état » pour justifier le projet. Contestant les prévisions de coûts et de trafic, ils réclament l’amélioration des liaisons existantes et notamment une meilleur utilisation du tunnel du Mont-Cénis. Une rencontre prévue entre une délégation d’opposants et les deux ministres du transport a d’ailleurs été annulée, les No-Tav dénonçant une « mascarade ».

Quant à l’opposition française, favorable au projet, elle dit être restée sur sa faim. « Les déclarations de principe ne suffisent pas », écrit Nora Berra sur son blog. « Les négociations sur le budget qui se tiendront début 2013 seront donc déterminantes. Des garanties financières devront en effet être obtenues par M. Hollande lors de la négociation du budget 2014-2020 de l’Union européenne en janvier prochain. »

S’il voit le jour, le tunnel devrait être mis en service entre 2029 et 2030.

Toutes les photos de la manifestation sont sur www.flickr.com/lyoninfo.

Publié le : mardi 4 décembre 2012, par Michael Augustin