Fusion Grand Lyon - département
A partir de 2014, le Grand Lyon récupérera sur son territoire les prérogatives du département (collèges, routes départementales, RSA...) et dépouillera peut-être aussi la Région. C’est en tout cas le projet que les présidents des deux collectivités, Gérard Collomb et Michel Mercier, ont présenté à la presse.
A force de répéter à qui veut l’entendre que le département n’a plus sa place dans la métropole lyonnaise, Gérard Collomb semble avoir fini par obtenir gain de cause. François Hollande et Jean-Marc Ayrault lui aurait promis une « loi spéciale » d’ici juin 2013, faisant de Lyon la première « euro-métropole » française.
« On ne peut pas organiser le pays sur des bases qui datent de 1789 », a justifié Michel Mercier la nouvelle organisation, annonçant « un changement profond ». Surtout pour sa collectivité, d’ailleurs, qui se verra amputée de 1,3 millions d’habitants sur les 1,7 millions qu’elle compte aujourd’hui. « Le département restera viable », a assuré son président. « Il aura 35 collèges et plus d’habitants que la Savoie. » Et conservera son siège à Lyon.
Le département sera surtout dépouillé de son opposition. Sur les 26 élus de gauche, 24 sont issus du Grand Lyon et ne siègeront donc plus au Conseil général. La nouvelle collectivité, d’ores et déjà surnommée département du Beaujolais (en réalité, elle ne changera pas de nom), sera également débarrassée de 8 des 10 élus UMP, fidèles alliés du président centriste.
Pour Gérard Collomb, à l’étroit dans sa communauté urbaine aux compétences réduites, le nouveau Grand Lyon représentera enfin un terrain de jeu à la hauteur de ses ambitions. Pour lui, le département « qui date de la révolution française », doit se cantonner aux zones rurales. « Pour les grandes villes, Lyon, Lille, Marseille, le gouvernement est prêt à faire évoluer les choses », a-t-il souligné.
Le 16 novembre dernier, Marylise Lebranchu, la ministre de la réforme de l’état, de la décentralisation et de la fonction publique, avait en effet annoncé la création d’« euro-métropoles », et précisé que ce statut serait réservé aux groupements intercommunaux dépassant le million d’habitants.
« C’est dans ces territoires que se joue l’avenir du pays », a clamé Gérard Collomb. « Notre challenge aujourd’hui, c’est pouvoir se comparer à des grandes villes comme Barcelone, Manchester ou Milan. Nous voulons jouer dans la Champions League. » Pour cela, Gérard Collomb lorgne également sur quelques compétences de la Région, notamment l’économie, les pôles de compétitivité et l’université. « La métropole pourra se voir confier d’autres pouvoirs par la loi », a-t-il glissé, sibyllin, tout en se défendant d’une quelconque « vision impérialiste ».
Et les deux présidents veulent aller vite, car l’échéance des élections de 2014 se profile. « Une réforme comme ça ne peut pas trainasser pendant 10 ans. Sinon, elle ne se fera jamais », a souligné Michel Mercier, qui annonce qu’une loi « particulière et spéciale pour Lyon » sera votée en juin 2013. « Parce qu’on a la volonté d’y aller. » La nouvelle organisation entrera donc en vigueur après les municipales.
En plus des compétences et du personnel afférent, le Grand Lyon récupérera alors également les recettes que le Département prélève actuellement sur son territoire. Et les boulets, à commencer par le Musée des confluences, dont le budget a explosé (265 millions d’euros contre 61 à son lancement) et une partie des prêts toxiques contractés par Michel Mercier (400 millions d’euros selon le PS). Mais aussi la toute récente garantie d’emprunt de 40 millions, accordée à l’OL Land. « Nous avons voté une garantie du département ’ou de toute collectivité lui succédant’ », fait remarquer, malicieux, un vice-président départemental. Un vote par procuration, en somme. En revanche, le 69 sur les plaques d’immatriculation ne disparaîtra pas.
Publié le : mercredi 5 décembre 2012, par