Quentin Tarantino

« Le cinéma est ma religion et la France mon Vatican »

Vendredi 18 octobre, Quentin Tarantino a reçu le prix Lumière 2013 à Lyon des mains d’Uma Thurman, l’actrice qu’il a dirigée dans Pulp Fiction et Kill Bill. Ce prix, une sorte de prix Nobel du cinéma, vise à récompenser chaque année, à Lyon, ville qui a vu naitre le cinématographe, une personnalité qui a marqué de son empreinte l’histoire du septième art.

Une partie du monde du cinéma s’est donc rassemblée autour du plus cinéphile des cinéastes pour lui exprimer sa gratitude. « Travailler avec Quentin c’est comme partir à l’aventure », a ainsi déclaré sur la scène de la salle 3000 l’un des producteurs les plus influents d’Hollywood, Harvey Weinstein, ajoutant : « Mon premier studio de cinéma, Miramax, a vu le jour grâce à Quentin. Mon second, The Weinstein Compagnie, a été sauvé par lui ».

De nombreux cinéastes étaient présents aux côtés du lauréat : Harvey Keitel, Tim Roth, le producteur Lawrence Bender, Michael Cimino, Leïla Bekhti et Tahar Rahim, Alain Cavalier ainsi que Fatih Akin. Sans oublier Mélanie Laurent qui, accompagnée d’Irma, lui a chanté Bang bang, en clin d’œil au film Kill Bill, accueillie par une standing-ovation de la salle.

La cérémonie a marqué le point d’orgue d’un festival qui a permis aux Lyonnais de (re)découvrir nombre de films classiques, comme Les dix commandements, mais aussi des films muets, à l’instar de Blackmail d’Alfred Hitchcock, des films oubliés (Le retour avec Jon Voight et Jane Fonda), des films inoubliables, Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, des documentaires ou encore des films pour enfants.

Quentin Tarantino a passé la semaine à arpenter toutes les salles de cinéma de Lyon, de la rue du Premier film à la Confluence, ou encore Bellecour, où il a présenté mercredi le film Le déserteur du réalisateur franco-russe Léonide Moguy. « Tu as réussi un truc inouï, faire applaudir le nom de Léonide Moguy par une salle de 500 personnes », s’est exclamé le président du festival Bertrand Tavernier. Et d’ajouter : « On a grandi avec les films de Quentin Tarantino, et les films ont grandi avec nous. Ce sont des films dont on a l’impression qu’ils ont fait partie de notre vie, qui ont accompagné notre vie ».

« Le cinéma est ma religion et la France mon Vatican », a répondu, visiblement ému, Quentin Tarantino. « Je ne sais pas ce que je serai devenu si les parents des frères Lumières ne s’étaient pas rencontrés », a-t-il ajouté avant de plaisanter : « je serai sûrement en train de vendre des Royal Cheese pour McDonald’s ».

Le réalisateur américain n’est pas reparti les mains vides de Lyon, puisqu’il a reçu, en plus du prix Lumière, les insignes de Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres des mains de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti.

Le lendemain, à l’endroit même où a été tourné en 1895 La sortie des usines Lumière, le premier film de l’histoire du cinéma, Tarantino, Cimino et Jerry Schatzberg ont sortis les caméras pour en faire un remake avec une grande partie des invités du festival. Pendant la première répétition, ils ont défilé dans un désordre tel que Quentin Tarantino s’est écrié en rigolant : « It’s a fucking disaster ! » (photo). D’autres prises ont suivi ont satisfaisant au moins le directeur général du Festival Lumière, Thierry Frémaux, convaincu que « ce film fera histoire ».

Le Festival s’est conclu dimanche 20 octobre, à la Halle Tony Garnier, avec la projection du film mythique de Tarantino, Pulp Fiction.

Publié le : dimanche 20 octobre 2013, par Youssef Naili