Opéra

Carmen : un show somptueux mais des voix moyennes

La Carmen de Bizet, mise en scène il y a deux ans par Olivier Py, revient à l’Opéra de Lyon. Homme de théâtre, Olivier Py transforme la belle cigarière en meneuse de revue flamboyante, créant ainsi un véritable spectacle dans le spectacle. Casting digne des danseuses du Crazy Horse, décors époustouflants, cet opéra pêche en revanche par des voix décevantes.

Carmen, c’est l’histoire de la rencontre explosive, passionnée et finalement destructrice d’une femme et d’un homme. Lui est simple soldat, formé à la routine et à la discipline des casernes, promis au mariage avec Micaëla, une jeune fille « très bien ». Elle est ouvrière : elle passe sa journée à fabriquer des cigares roulant sur ses cuisses les feuilles de tabac... Lui, c’est Don José, elle, c’est Carmen ; il aime l’ordre, elle aime la liberté ; il n’aime qu’elle, elle l’aime comme elle le sent, dans l’instant, mais libre elle veut rester, libre d’aimer qui elle veut, quand elle veut : elle en mourra.

Les plus :

Les décors et les costumes somptueux
Un immense bravo à Pierre-André Weitz pour ces décors incroyables, immenses, rococos, dans la pure tradition du music-hall. Son paradise lost, tendu de velours rouge et d’animaux tout droit sortis de tableaux du douanier Rousseau, sont époustouflants. Les décors tournants sur plateaux sont très réussis et très efficaces pour planter l’ambiance des scènes qui se succèdent.
Les costumes de danseuses de revues sont également sublimes et sexy en diable, avec leurs paillettes argentées et de grandes plumes d’autruche. Un véritable plaisir pour les yeux ! Quel travail !

Carmen
Kate Aldrich, qui incarne une Carmen ultra sexy, sauvage, souple, puissante, dangereuse et fière comme le léopard empaillé sur lequel elle aime à s’asseoir, est parfaite pour ce rôle. Outre sa plastique de rêve, c’est une excellente actrice. En revanche, la voix ne parvient pas à se hisser dans les hauteurs.

La mise en scène
Le parti pris d’Olivier Py de moderniser Carmen et de la transformer en meneuse de revue des années folles américaines est très crédible et n’enlève rien à la tension dramatique de l’histoire.

Les chorégraphies
Les chorégraphies de Daniel Izzo sont superbes. A noter en particulier la gracieuse danseuse vêtue de rouge.

Les moins :

Les voix
A l’exception des chœurs, elles peinent à convaincre. Certaines sont mêmes médiocres comme celle d’Escamillo (Jean-Sébastien Bou) et parfois criardes, comme celle de Micaëla (Sophie Martin-Degor), même si c’est peut-être la voix la plus puissante de l’équipe.

En conclusion, nous avons aimé le mélange des genres – jolies danseuses de cabaret aux seins nus, chorégraphies pro, scènes théâtrales, chant lyrique, lumière cinématographique, décors spectaculaires, tout fonctionne bien – mais nous rêverions d’entendre des voix à la hauteur d’un tel spectacle.

Info : Opéra de Lyon, jusqu’au 17 mai. Tarifs : de 13€ à 94€

Publié le : lundi 4 mai 2015, par Florence Leray