Art contemporain

Découverte et redécouverte à l’IAC

Après une participation réussie à la Biennale d’Art Contemporain (Rendez-Vous 15), l’Institut d’art contemporain (IAC) de Villeurbanne réinvestit ses lieux avec deux nouvelles expositions inédites. Collection 15’ et Demain dans la bataille pense à moi sont présentés simultanément dans les 12 espaces de l’institut, jusqu’au 14 février prochain.

Collection 15’ nous fait découvrir les œuvres de 5 artistes de la collection, ressorties pour l’occasion. Comme un passage secret, on accède à cette exposition en traversant le jardin ; « une façon aussi de se réapproprier les espaces de l’IAC » selon Magalie Meunier, assistant curator à l’IAC. Un moyen aussi de marquer la séparation entre les deux expositions proposées.

On entre alors dans une salle blanche, ou à priori il n’y a rien. Deux câbles électriques sont sobrement tendus et accrochés aux quatre murs de la pièce. L’œuvre de Jason Dodge se déploie ici. Une œuvre qui se veut sonore aussi selon l’artiste qui affirme « qu’on peut entendre le courant électrique si on tend l’oreille ». Plus loin dans la continuité de la visite, l’œuvre de l’artiste allemande Ulla Von Brandenburg occupe tout l’espace. Une installation à la façon d’un pénétrable, qui nous amène à traverser les draps étendus, pour arriver ensuite face à une autre de ses œuvres, un film, The Objects qui nous montre également la diversité des mediums utilisés par l’artiste.

D’œuvres en œuvres et d’univers en univers, on semble revenir dans les années 70 françaises en arrivant dans l’espace consacré au groupe Untel qui ouvre à nouveau sa boîte aux trésors. Actif de 1975 à 1980, ce collectif d’artistes « spécialiste de l’investigation du quotidien » présente ici La boîte Untel. Véritable trésor d’archives des plus folles actions de ce collectif.

L’exposition se clôt enfin avec l’œuvre de Saâdane Afif. L’artiste français dévoile ici son univers, à la fois pop et traditionnel. Sonore, visuelle, l’œuvre de de Saâdane Afif occupe tous les espaces. Au mur, on peut lire les paroles des chansons diffusés en continu et qui accompagnent la pièce. Au plafond, des leds sont suspendus et s’allument au gré des morceaux joués et font le lien avec les deux pièces présentés en bout de salle, sortes de scènes miniatures, théâtres de l’affrontement sonore entre Blue Time et Suspense.

Demain dans la bataille pense à moi

Exposition inédite, cette dernière se construit en écho au roman éponyme de Javier Marias, écrivain espagnol contemporain. Ces mots interviennent dans son récit comme une ritournelle qui ponctue le moment. L’exposition répond à cette thématique, comme une parenthèse, un moment suspendu et isolé. Demain dans la bataille pense à moi est le deuxième volet du projet Otium voulu comme « un temps de réflexion, de méditation, éloigné du quotidien ».

L’artiste belge Peter Buggenhout ouvre le bal, dans une ambiance post apocalyptique, avec trois de ses œuvres, dont une production inédite The Blind Leading the Blind #74. Les sculptures sombres et massives occupent l’espace de différentes manières. Accrochés au mur, posés au sol ou encore en vitrine, ces assemblages constitués de déchets nous invitent à reconsidérer le monde qui nous entoure face à l’incertitude de l’avenir.

On retrouve dans la salle suivante la notion d’économie de moyens avec Vanessa Billy qui réutilise, elle aussi, des matériaux trouvés. Toutefois, son œuvre, elle, interroge davantage sur les questions de déplacement et de circulation. « Think through things » sont les maitre-mots de sa démarche qui initie le spectateur à penser son activité quotidienne et son rapport au monde comme ici dans Starting Where the Previous Day ended, entre autres.

Pour Magalie Meunier, « C’est important qu’il y ait des moments de repos dans la visite », ainsi dans l’espace cour, on peut s’asseoir et admirer les photographies de Maria Loboda ou encore méditer face à Trying to Make of Art By Thinking of Babylon.

Un peu plus loin, on peut discerner l’œuvre de Dario D’Aronco qui s’étale au sol, un tapis s’y étend et est là pour recevoir « l’empreinte du son qui s’est produit à un moment donné ». Un film l’accompagne, rythmé par les vois de 5 chanteuses lyriques.

Maurice Blaussyld, artiste français, présente-lui un travail qui semble « abstrait, froid », comme le souligne la commissaire d’exposition. On a ici le sentiment que « les choses nous échappent », ajoute-t-elle. En effet, face à ces quatre œuvres empruntant différents supports (films, sculpture, installation), le spectateur entre dans un univers à la fois mystique et lourd, qui entre en parfaite cohérence avec la thématique de l’exposition, et ainsi, le roman de Javier Marias.

Pari réussi pour l’IAC qui démontre avec ces deux expositions, que collection et création sont compatibles. L’IAC innove également en proposant désormais des visites augmentées, chaque dimanche à 16h, permettant ainsi d’échanger avec les médiateurs autour d’un bon café. Un bon prétexte pour faire le plein de culture.

Publié le : mercredi 16 décembre 2015, par Oula Zaroual