Bouquinistes

Comment vendre ses livres d’occasion à Lyon ?

Aussi amoureux qu’on puisse être de livres, soyez honnêtes, combien de livres de votre bibliothèque avez-vous relu ? Au lieu de les entasser pour qu’ils prennent de la poussière, autant essayer d’en tirer encore quelque chose, ou tout du moins en faire profiter d’autres lecteurs. Mais voilà, comment faire ?

Avant, je les proposais sur Amazon et ça ne fonctionnait pas trop mal. Mais depuis quelques temps, je n’y vendais quasiment plus rien. La faute, sans doute, à une concurrence de plus en plus féroce et des prix d’appels à 99 centimes d’euros. Je me suis alors mis à la recherche d’autres solutions pour les quelques 25 livres que j’avais mis de côté. Un peu de tout, du roman de poche au beau livre en passant par des livres informatiques et Tout sur la Formule 1 2003.

Je suis alors d’abord tombé sur le blog La révolution des tortues d’Anaelle, une Bordelaise de 27 ans qui m’a fait connaitre deux autres plateformes sur Internet, consacrées aux livres d’occasion : l’Allemand Momox, à qui j’avais déjà acheté des bouquins via Amazon, et son concurrent français Vendre-livre. Auxquels j’ajoute un autre Français : Gibert Joseph.

La procédure est la même sur les trois sites : il faut saisir le code barre de chaque livre, et le site vous dit s’il l’achète ou pas, et si oui, à quel prix. Le prix d’achat proposé est calculé en fonction du stock disponible et de la demande et varie d’un site à l’autre. Et peut même très fortement varier. Female trouble, un très beau recueil photographique de Bettina Rheims, vaut ainsi 7,40 euros chez Gibert Joseph, mais seulement 15 centimes sur le site Vendre-livre et rien chez Momox. Selon les sites, il faut atteindre un minimum d’achat d’entre 10 et 15 euros ce que mes 25 livres ne m’ont permis sur aucun des trois. Je me suis alors mis à la recherche d’autres solutions en écumant les bouquinistes de Lyon.

J’ai commencé mon périple entre la place des Terreaux et la Saône chez Temps Livres. Une petite boutique qui sent bon les temps anciens, et dont une amie m’avait parlé. Fondée en 1986, elle est toujours tenue par Marc Léger, un Monsieur à la barbe blanche, passionné de science-fiction. Depuis qu’il a écrit dans une revue sci-fi publiée en Allemagne, il a d’ailleurs germanisé son nom et se fait appeler Markus Leicht, soit la traduction littéraire de son patronyme français. Dans sa petite boutique, dédiée aux livres de poche et aux BD, les murs sont couverts d’étagères du sol au plafond (photo). Quelques dix-mille livres s’entassent ici, selon son comptage. Marc me prend trois livres de poche contre 4 euros et me conseille quelques confrères pour le reste.

Deuxième étape de mon périple : la Bourse, un réseau de trois magasins, eux aussi situés dans le quartier des Terreaux. Le bureau des achats se trouve au sous-sol de la boutique de la rue Lanterne, à quelques pas de Temps Livres. Avant moi, une jeune femme repart avec 16 euros pour quelques livres de psychologie de son temps de fac. Par contre, le monsieur juste avant moi fait choux blanc, malgré un sac rempli de bouquins. Et moi aussi.

Direction le magasin Gibert Joseph du quai Gailleton qui n’achète pas que sur le net. En arrivant, je fais petit joueur avec ma vingtaine de livres. La première cliente a déballé une valise entière, tandis que les suivantes, un trio féminin, aligne pas moins de quatre cartons et huit sacs. Des vestiges d’un déménagement. « On ne les relit pas. Vaut mieux qu’ils profitent à quelqu’un d’autre », commente l’une d’elles. Un quart d’heure plus tard, elles ont été délestées d’un carton et demi ainsi que d’un sac et repartent avec 105 euros. « Nous cherchons avant tout des livres récents », explique la dame au guichet. Parmi les miens, seuls deux poches trouvent grâce à ses yeux, pour 3,50 euros. Mais pas le livre de Bettina Rheims parce qu’il manque le code barre.

En route pour Diogène, une librairie créée en 1973 et installée dans un immeuble du XVe siècle du Vieux Lyon. C’est ici que mon livre photo trouve enfin preneur, ainsi qu’un autre beau livre sur les saveurs rhônalpines. Montant de la transaction : 8 euros. Finalement, j’aurai donc revendu sept livres et gagné 15,50 euros. C’est toujours mieux que les jeter.

Il me reste encore dix-sept livres dont finalement personne ne veut. Je me rends alors chez RecycLivre qui prend tout, mais gratuitement. Crée en 2008 à Paris, RecycLivre a depuis ouvert des antennes à Bordeaux, Lyon, Lille, Nantes, Strasbourg, Toulouse et Madrid. Depuis sa création, l’entreprise affirme avoir collecté dix millions de livres, dont deux millions pour la seule année 2017. Ces livres sont revendus sur internet à petit prix, et 10 pourcents du prix de vente sont reversés à des associations caritatives, notamment Lire et faire lire. « En 2017, nous leur avons reversé 74 000 euros », m’informe le service presse. L’antenne lyonnaise se trouve dans le quartier de la Guillotière mais dispose également d’un point de collecte à la Maison des Rancy (Lyon 3ème) et propose aussi la collecte à domicile. Quand j’arrive, les portes sont déjà fermées. Je fais un dernier tri dans mes bouquins, décide de finalement en garder huit et pose les autres dans la boite à partage accroché devant. Pour que d’autres puissent en profiter.

Info : Temps livres, 8 rue d’Algérie, Lyon 1er, 04 72 07 79 15 ; Librairie la bourse, 8 rue Lanterne, Lyon 1er, 04 78 27 27 00 ; Gibert Joseph, 3 quai Docteur Gailleton, Lyon 2ème, 04 72 77 76 76 ; Librairie Diogène, 29 rue Saint-Jean, Lyon 5ème, 04 78 42 29 41 ; RecycLivre, 7 rue Auguste Lacroix, Lyon 3ème, 04 82 53 36 08

Publié le : samedi 25 août 2018, par Tony Truand