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Cinéma

Une vie toute neuve

Jinhee a 9 ans lorsque son père l’abandonne dans un orphelinat tenu par des bonnes sœurs, près de Séoul en Corée du Sud. En attendant que commence pour elle une vie toute neuve, grâce à une adoption, l’histoire de Jinhee se composera de déceptions et de promesses non tenues, mais aussi de nouvelles amitiés.

La réalisatrice Ounie Lecomte dépeint avec beaucoup de sensibilité un univers qu’elle connaît bien, pour être passée par là. Ounie Lecomte avait 9 ans quand elle est arrivée en France, adoptée par une famille protestante de Saint-Germain-en-Laye en banlieue parisienne. Pour le tournage, elle est retournée dans l’orphelinat qui l’avait accueillie pendant un an. « Ce n’est plus un orphelinat mais toujours un couvent », raconte-elle.

Ne parlant aujourd’hui plus sa langue maternelle, elle a d’abord suivi des études de stylisme à Paris, avant de débuter dans le cinéma en 1991, en tant qu’actrice dans Paris s’éveille. Suivent quelques expériences de costumière et la réalisation d’un court métrage sur l’avortement (Quand le nord est d’accord). Puis, en 2006, elle débute l’écriture d’Une vie toute neuve.

C’était d’abord l’histoire d’une petite française dont le père disparaît lors d’une baignade en mer. « Mais je me suis bloquée au bout de 10-15 pages », raconte la réalisatrice. « L’histoire racontait ma propre expérience de l’abandon. Il fallait que j’accepte de partir de mon histoire personnelle », résume-t-elle. « Ce n’était pas une décision, c’est venu me hanter. »

Pour ce film, co-écrit avec le réalisateur coréen Lee Changdong, « j’ai puisé dans mes émotions personnelles », reconnaît Ounie Lecomte. Ce n’est pas pour autant une œuvre autobiographique. Si l’histoire se situe au milieu des années 70, et coïncide donc avec la vie de la réalisatrice, c’est parce que « ça ne se passe plus comme ça aujourd’hui », explique-t-elle. « Il n’y a plus d’adoption d’enfants de cet âge maintenant. Seuls des nourrissons peuvent encore être adoptés à l’international. »

Pour le tournage, elle s’est entourée essentiellement de jeunes actrices inconnues. C’est le cas de la prodigieuse Saeron Kim (9 ans) qui incarne Jinhee. De la gamine radieuse sur le vélo de son papa (dont on ne voit le visage que quand il se retourne une dernière fois sur sa fille), à la fillette taciturne, abandonnée, Saeron Kim passe par tous les états. « Elle a une grande persévérance qui reflète une certaine maturité », la félicite Ounie Lecomte. Il est vrai que, l’histoire étant racontée à travers les yeux de l’héroïne, la jeune actrice porte presque à elle seule ce film, avec une force et une présence remarquables.

Quant à Ounie Lecomte, elle dit avoir trouvé sa voie et prépare l’écriture et la réalisation d’un nouveau film, dont on sait pour l’instant uniquement que l’histoire se passera en France. A moins que...

Fiche technique

- Long-métrage français, sud-coréen
- Réalisé par Ounie Lecomte
- Avec Kim Saeron, Park Doyeon, Park Myeong-Shin etc.
- Durée : 1h32
- Genre : Drame
- Sortie : 6 janvier 2010

Publié le : mardi 5 janvier 2010, par Michael Augustin