Interview Christophe Alévêque

« La scène, un espace de liberté totale »

Christophe Alévêque jouera Super Rebelle ! Enfin ce qu’il en reste samedi 13 novembre à la Bourse du travail de Lyon. Il nous parle de son spectacle, de ses projets, de ses liens avec le public et surtout de son rapport à l’actualité. Ses commentaires sur les derniers évènements lyonnais liés à la protestation contre la réforme des retraites donnent un avant-goût de ce à quoi il faut s’attendre : un décryptage de la nature humaine et de l’actualité « sans limites ».

Christophe Alévêque et l’actualité, c’est une grande histoire d’amour, un terme qui lui colle à la peau. Ses chroniques de fins de semaines ont sans doute laissé des souvenirs aux téléspectateurs d’On A Tout Essayé de Laurent Ruquier. Son précédent spectacle Debout ! s’inspirait déjà largement de l’actualité.

Super Rebelle ! Enfin ce qu’il en reste va donc être alimenté au fil du temps. Samedi, à la bourse du travail, les spectateurs devront s’attendre à « des sketches qui parlent de la nature humaine, de plaisirs, de sexe, des adolescents,(...), résume-t-il. J’arrive en Super Rebelle donc je me moque de moi d’entrée comme ça, après, je peux passer aux autres. Trois musiciens m’accompagnent. La musique va et vient dans le spectacle, ça permet de dire les mêmes choses mais autrement. Il y a aussi une grande revue de presse, un moment d’improvisation ».

Le Bourguignon ne se prive pas de commenter les informations de ces derniers mois : « Ce qui me marque c’est le zapping, le fait que l’actualité aille trop vite. On est sans arrêt dans une sorte de manipulation de l’opinion qui m’énerve beaucoup. Les menaces terroristes, la grippe A, l’expulsion des Roms, l’affaire Bettencourt, j’essaie de décrypter tout ça ». La réforme des retraites ne l’a pas laissé indifférent non plus : « C’est un grand pavé dans ma revue de presse. Je vois bien chez les gens qu’il y a un vrai sentiment de frustration, d’injustice donc là ils ont manifesté et je pense que ça va encore continuer ».

« Sans légitimer la violence, il faut comprendre les gens »

Ses propos ne vont certainement pas lui faire que des amis sur la Presqu’île : « Sans légitimer la violence, il faut quand même comprendre les gens. A force d’être manipulés, d’être pris pour des cons, je ne comprend même pas qu’il n’y ait pas eu de violences plus tôt et plus nombreuses. Et puis après qu’est-ce qu’on appelle violence ? Trois poubelles qui brûlent et un abribus qui est cassé, oui c’est vrai que c’est violent mais une fois de plus on est dans l’exagération. C’est-à-dire que chez nous quand il fait froid l’hiver, c’est une catastrophe. Je pense qu’on est quand même un petit peu déconnecté de la réalité », commente Christophe Alévêque avant de s’en prendre au pouvoir politique : « la façon dont le gouvernement a parlé de l’arrivée des jeunes dans les manif’, c’est une insulte à l’intelligence. On avait l’impression d’une armée de vieux cons, complètement dépassés par les évènements, qui sortait une fois de plus le refrain de la sécurité. »

Est-il trop politique ? « Je pars du principe que le public est intelligent, complice et qu’il comprend le second degré. Quand j’écris, je ne me dis pas que mon public risque de ne pas aimer telle ou telle chose. D’ailleurs, Très souvent je brosse dans le sens inverse du poil ». La majorité présidentielle n’est pas seule à essuyer les foudres du natif du Creusot, qui braque également ses projecteurs sur l’opposition : « La gauche aussi s’en prend plein la gueule parce qu’elle le vaut bien ».

Suite présidentielle

Après cinq dates au Théâtre du Rond-Point à Paris avec à la clef, une retransmission en direct à la télévision et les louanges de la presse, Christophe Alévêque arrive bien rodé à Lyon. Et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, puisque des dates sont programmées jusqu’au mois d’avril 2011. Fin janvier, il montrera au public parisien un nouveau projet, Les Monstrueuses Actualités : « Ce sera une grande revue de presse, en insistant sur les médias et leur langage. Il y aura plus d’improvisation pour parler de tout ce qui fait l’actualité. Ça sera Super Rebelle en pire. ». Puis, il prévoit de monter sur scène avant les élections présidentielles de 2012 : « Je vais participer activement à l’élection du prochain président », promet-il.

Info : Christophe Alévêque est super Rebelle ! A la bourse du travail à Lyon, samedi 13 novembre à 20h30. Prix : 32 à 35€.

Publié le : samedi 6 novembre 2010, par Nicolas Borg