Grand prix de l’Architecture

Réhabilitation réussie d’un ancien théâtre

Deux maisons dans un ancien théâtre a raflé le Prix du public et celui de la Réhabilitation au Grand Prix 2010 de l’Architecture, de l’Urbanisme et de l’Environnement du Rhône. C’est la récompense du public, nouvelle catégorie de la deuxième édition du concours, qui a permis à cette réalisation de devenir le succès d’un soir. Le projet, situé dans le 3ème arrondissement de Lyon, a été « laborieux mais peu cher », d’après son architecte Boris Roueff.

Le dernier prix décerné lundi soir à l’Hôtel du département a mis tout le monde d’accord. Le public a choisi de sacrer Deux maisons dans un ancien théâtre à l’occasion du deuxième Grand Prix de l’Architecture, de l’Urbanisme et de l’Environnement du Rhône. Les 1621 votes enregistrés entre le 2 août et le 1er novembre se sont tournés en majorité vers la réhabilitation de la salle des Folies Lyonnaises, un ancien théâtre du 3ème arrondissement. Quelques minutes plus tôt, le jury avait déjà décerné le Prix de la réhabilitation et de la création contemporaine au projet de Boris Roueff et de son agence Kaa architecture.

1000 euros par mètre carré, c’est ce qui coûté la création de deux maisons triplex dans cette bâtisse ancienne, implantée sur un terrain de 230m². « La principale difficulté a été l’état du bâtiment dans lequel on l’a trouvé », souligne l’architecte. « Il était abandonné depuis 15 ans. Il y avait eu de nombreux projets de différents architectes mais tous avaient été abandonnés en raison du coût des travaux envisagés ».

D’abord théâtre, puis dépôt de laine au début du XXe siècle, les activités se succèdent dans ce lieu jusque dans les années 90. En 2002, le bâtiment est en ruine. Situé idéalement, en plein centre de Lyon, il a le défaut d’être encerclé. « Ce théâtre était dans une cour », explique Boris Roueff. « On a récupéré un terrain entouré de murs qui font jusqu’à 15 mètres de haut avec seulement deux fenêtres. Ma grande angoisse c’était d’avoir l’impression de se retrouver au fond d’un trou ».

« Une mise en scène théâtrale »

Les deux maisons construites forment un angle droit sans vue sur l’autre. « Il fallait donc créer des vues avec quelque chose qui s’animait dans les maisons », poursuit l’architecte. « A l’intérieur, il y a des jeux d’escaliers, d’espaces et de lumière qui varient en fonction du jour et de la saison. A l’extérieur, le matériau utilisé est une sorte de plastique, comme une tôle ondulée qui couvre le bâtiment et qui permet d’alléger les murs et de faire descendre la lumière d’en haut jusqu’au fond. Une mise en scène théâtrale ». Tout cela s’intègre dans le bâti ancien : « La charpente est assez impressionnante et le clocheton en verre de l’ancien théâtre a été conservé ».

Depuis 2006, les deux logements de 120 et 200m² hébergent leurs propriétaires : « Ils sont très contents et me remercient encore aujourd’hui même si le début a été dur. On a eu du mal à trouver des entreprises qui acceptaient de venir s’ennuyer dans un projet qui paraissait très complexe. » Leur effort vient d’être récompensé.

Publié le : mercredi 10 novembre 2010, par Nicolas Borg