Mme Lagarde aux Journées de l’économie

Les grands travaux de la présidence française du G20

La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a annoncé mardi à Lyon les grands axes de réflexion pour la présidence française du G20. Elle s’est exprimée en marge des Journées de l’économie qui se déroulent à Lyon jusqu’à jeudi. Pressée, elle s’est cantonnée dans un discours de 12 minutes à énoncer les principaux objectifs « identifiés par Nicolas Sarkozy » pour la présidence française du G20. Au programme : le système monétaire international, le prix des matières premières et une énigmatique remise en question du G20.

« La présidence française sera une présidence de test de notre capacité à tenir la distance. C’est la première fois qu’un seul pays aura pendant 12 mois la présidence du G20 et du G8. C’est une conjonction extrêmement propice pour peu que collectivement nous ayons la volonté d’aboutir », a déclaré la ministre de l’Economie mardi en fin de matinée, avant de quitter Lyon pour Séoul, où elle devait assister au sommet du G20 et à la passation de pouvoir entre la Corée et la France.

Intervenant lors d’une discussion sur la gouvernance internationale, face à un public de la Bourse du Travail tout ouïe, elle a rapidement confié aux autres intervenants la partie pédagogique propre aux Journées de l’économie. Se contentant d’annoncer de grands principes, elle a présenté « les grands travaux pratiques de la présidence française du G20 » qui débutent vendredi soir.

« Le Président français a identifié trois sujets comme étant des pistes de réflexion et peut-être de proposition indispensables pour une meilleure stabilité internationale » a-t-elle noté. Premier de ces sujets, le système monétaire international : « Comment l’améliorons-nous ? Comment le réformons-nous ? Comment lui donner un meilleur équilibre ? Qui doit participer au débat sur les questions de changes ? Aujourd’hui, le G7 est l’instance appropriée pour discuter de ces questions de change mais la Chine n’en fait pas partie ».

Le deuxième axe concerne les matières premières, « leur prix, le mode de fixation des prix et l’organisation du marché ». Selon elle, le pétrole et le gaz « commencent à être un peu organisés même si on a besoin de plus de clarté ». Christine Lagarde pense aussi « à tous les produits agricoles, l’acier, les terres rares » et également aux nouveaux marchés comme « les quotas d’émission de CO2 ».

Le G20 recouvre les deux tiers de la population mondiale

Le troisième « grand objectif » concerne la gouvernance mondiale : « On peut s’interroger sur la légitimité, la crédibilité et la pérennité d’une institution tel que le G20 », estime la ministre de l’Economie. Ce groupe des 20, créé à la suite de la crise asiatique en 1997 réunit « les pays victimes de cette crise et l’ensemble des grands créanciers ». Il couvre 85% de la richesse mondiale mais seulement deux tiers de la population. Le G20 « si efficace en période de crise, a-t-il a raison de perdurer ? Est-ce qu’il va servir la cause commune ? » s’est interrogée Christine Lagarde.

La ministre de l’Economie se demande si « on ne peut pas rêver à l’occasion de la présidence française à instituer des mécanismes qui permettraient une meilleure représentation de tous, la légitimité et l’efficacité par l’implantation, peut-être, d’un secrétariat [...] avec le rapprochement d’institutions » comme l’Organisation Mondiale du Commerce, l’ONU, le Fond Monétaire International...

Ces trois principaux « chantiers » seront certainement répétés par le Président de la République dans les tout prochains jours. Aboutiront-ils ? Certains économistes jugent le programme français de gouvernance au G20 « trop ambitieux ».

Publié le : mardi 9 novembre 2010, par Nicolas Borg