Quand la police avait bouclé Bellecour

Une "Prise de la Bellecour" pour dénoncer l’opération policière

Ils dénoncent « une garde à vue en plein air ». Une quarantaine d’associations, syndicats et partis politiques se sont réunis au sein du Collectif du 21 octobre. Le 21 octobre dernier, au plus fort des émeutes qui ont ébranlé le centre-ville de Lyon, les forces de l’ordre avaient bouclé la place Bellecour et retenu 621 personnes plusieurs heures durant. Une opération « totalement illégale », selon le collectif qui l’a dénoncée ce samedi au cours d’une prise de la Bellecour symbolique. D’autres manifestations sont d’ores et déjà prévues.

Des haut-parleurs montés sur une camionnette diffusent en continu le bourdonnement d’un hélicoptère. Celui qui avait tourné à basse altitude au-dessus de la place Bellecour ce 21 octobre et les jours précédents. Des photos accrochées sur des fils montrent des policiers en tenue anti-émeute, des manifestants, des nuages de gaz lacrymogène. Des textes accusent : « J’ai eu deux os fêlés. J’ai vu certains la tête en sang, d’autres qui boitaient. J’ai entendu un CRS dire mot pour mot : "on ne vous arrêtera pas, on est là pour casser du manifestant, et ça défoule." » ou « Dans le bus qui me ramenait chez moi, j’avais la rage au ventre, les larmes aux yeux, je n’arrivais pas à croire que ce truc aussi énorme ait pu se dérouler là comme ça. » Prison Bellecour est écrit au verso des photos, visible de l’extérieur du rectangle formé par les fils.

« On n’a pas l’intention d’en rester là », s’écrie Rose-Marie Pechallat, membre du collectif, « il ne faut pas que ça s’oublie. » Un meeting est d’ores et déjà prévu mercredi à la Bourse du travail, en présence d’avocats et de témoins de l’opération. Des caricatures et autres œuvres fournies par des artistes amis seront vendues lors d’une tombola pour récolter quelques sous. « On va aussi organiser un concert », annonce Rose-Marie Pechallat.

Le collectif cherche surtout des personnes prêtes à témoigner. Soutenu par le Syndicat des Avocats de France et le Syndicat de la Magistrature, ils comptent porter l’affaire devant la justice. « Il y a eu violation des libertés », indique Jean-Michel Drevon, porte-parole du collectif. « A la sortie les personnes ont été contrôlées et photographiées. Pour être légal, ce genre de fichage doit être autorisé par arrêté ministériel. »

Une permanence est organisée tous les mercredis de 14h à 20h à la Ligue des droits de l’homme (5 place Bellecour). En dehors de ces horaires, un numéro de portable (06 72 73 45 84) est mis à disposition. « Nous avons déjà une trentaine de témoignages fiables », se félicite Jean-Michel Drevon.

Info : meeting mercredi 24 novembre à 19h15 à la Bourse du travail, place Guichard, Lyon 3ème

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Publié le : dimanche 21 novembre 2010, par Michael Augustin