Jour de fête pour les policiers du groupe d’enquête anti-drogue de l’Est Lyonnais. Le 25 décembre dernier, ils ont réalisé leur plus importante saisie depuis deux ou trois ans dans le Rhône, selon les estimations de Jean-Marc Rebouillat, chef de la Sûreté départementale.
Sur le coup depuis la fin novembre, les policiers passent à l’attaque le jour de Noël. Dans un parking souterrain dans le quartier des Buers, ils surprennent des trafiquants en plein échange de marchandise. L’un des suspects, un Villeurbannais de 34 ans, est interpellé sur le champ.
Dans sa voiture, les enquêteurs découvrent 25 kilos de cannabis. Lors de la perquisition de son domicile, ils tombent sur 80 kilos supplémentaires et la clé d’un box. Dans celui-ci, les policiers saisissent le reste des 123 kilos de drogue ainsi que deux fusils de chasse de 12 mm aux canons sciés. De plus, des munitions de 12 mm mais également de 9 mm sont découverts, mais pas l’arme correspondant à ce dernier calibre.
Une autre voiture parvient néanmoins à s’échapper ce jour-là, probablement conduite par le frère du mise en cause. Habitant lui aussi Villeurbanne et âgé de 31 ans, selon le Progrès, il s’est rendu ce jeudi de lui-même à la police. Comme son frère, il devrait être mis en examen et placé en détention provisoire.
Les deux hommes « n’ont pas un profil très marqué », analyse le procureur de la République Marc Cimamonti. L’un dispose d’un casier judiciaire vide tandis que l’autre n’est connu que pour des infractions au code de la route.
Un trafic en mutation
Grâce à cette prise, l’année 2012 aura été faste pour les services anti-drogue du département (une cinquantaine de fonctionnaires). Au total 230 kilos de résine de cannabis ont été saisis dans le département, soit 72% de plus qu’en 2011. Mais également 6 kilos de héroïne et autant de cocaïne. 5700 interpellations ont eu lieu dans le milieu, soit une quinzaine par jour en moyenne, affirme Albert Doutre, le directeur départemental de la sécurité publique.
La police note toutefois une évolution dans le comportement des trafiquants. « Le deal de voie publique avec ses stands à la Part-Dieu, c’est fini », note Albert Doutre. Selon lui, le trafic s’est déplacé dans les allées d’immeuble voire dans certains étages bien gardés par des complices. « De plus en plus, on observe un éparpillement des lieux de stockage de la drogue », ajoute Jean-Marc Rebouillat. Selon lui, les trafiquants espèrent que les saisies moindres leur valent des peines moins sévères.
La police scientifique enquête
Quant au réseau villeurbannais, l’enquête ne vient que de commencer. Il s’agit d’identifier désormais d’éventuels complices, au moins deux ou trois, estime le chef de la Sûreté départementale, et de remonter la filière. Pour cela, les objets saisis ont été confiés à l’Institut national de police scientifique (INPS) à Ecully. Chaque fusil et chaque barrette de cannabis sont alors passés au peigne fin, à la recherche d’empreintes papillaires ou génétiques.
On sait déjà que la résine est « de très bonne qualité », selon Frédéric Dupuch, directeur de l’INPS. Son taux de THC, la molécule active du cannabis, est plus de deux fois supérieur à la normale. La valeur de revente des 123 kilos saisis est estimée à quelques 600 000 euros. « De quoi fournir 60 000 clients », indique Jean-Marc Rebouillat, « soit une petite ville ».
