« Parmi les 500 offres, nous essayons d’en faire ressortir quelques unes selon le thème du ministère de la culture, révélé à l’issu de l’édition précédente », explique Bruno Delmas, coordinateur des Journées Européennes du Patrimoine (JEP) auprès du Grand Lyon. Il s’agit cette année « D’un patrimoine accessible à tous », pour marquer le 50e anniversaire de la création du ministère de la culture et de la communication par André Malraux. De fait, l’accent est mis sur les publics qui ont le plus de difficultés à accéder à la culture, comme les enfants, les personnes âgées ou en situation de handicap. A titre d’exemple, l’usine des eaux de Saint-Clair, à Caluire, proposera samedi et dimanche une visite pour les sourds et malentendants à 14h20.
Tout l’enjeu 2009 dans la région urbaine de Lyon a été le glissement « du patrimoine accessible à tous, au sens Malraux du terme » au « patrimoine construit par tous, une interprétation plus contemporaine ». Rentrent dans cette thématique les balades urbaines organisées par le musée Gadagne, l’ouverture exceptionnelle de l’Hôtel de la Communauté urbaine ou les rencontres des habitants dans les quartiers. A la Guillotière, l’association Aralis, invitera les badauds à la découverte d’un patrimoine immatériel « communautaire », à travers un karaoké indien ou un repas arménien. Mermoz, la Duchère, Rillieux, Vénissieux ou encore le quartier de la Soie à Vaulx-en-Velin seront également concernés. « Nous avons mis au point un programme sur tout le territoire et pas seulement à l’échelle administrative de Lyon. La soie, ce n’est pas que les canuts, c’est beaucoup plus large », poursuit Bruno Delmas.
Les JEP déroulent le fil de la Soie
L’association KompleXKapharnaüM anime depuis deux ans les projets Phare dans le quartier de la Soie en reconstruction. Des artistes, en résidence pendant 10 jours au mois de septembre, proposeront aux visiteurs une promenade à la rencontre des habitants et des lieux. A commencer par le château d’eau, la « bobine » pour les intimes, qui fera office de point de départ à une errance libre des visiteurs de 16 heures à 22 heures. Façade de l’usine désaffectée, arrière de la banque alimentaire, café « La boule en Soie », jardins ouvriers de la cité TASE (Textile artificiel sud-est), pavillons de la petite cité TASE : autant de lieux incongrus propices aux installations plastiques et aux interventions artistiques en tout genre. A l’instar du collectif Echelle inconnue qui proposera sa vision de la smala d’Abd-el-Kader, la ville mobile imaginée par le résistant algérien pour échapper aux troupes ennemies. Un repas de quartier est prévu pour encourager les habitants à s’approprier l’animation.
« Nous n’avions pas du tout pensé être dans les Journées Européennes du Patrimoine, souvent rattaché aux vieilles pierres. C’est un pied de nez, mais ce n’est pas le but premier des projets Phare », commente Stéphane Bonnard, de KompleXKapharnaüM, avant d’interroger : « Que va-t-on faire de ce patrimoine existant dans un quartier qui tend à être transformé ? ».
« Notre participation aux Journées Européennes du Patrimoine confirme l’inscription de Vaulx-en-Velin dans le Grand Lyon », se réjouit pour sa part Nass Hassani, élu en charge de la culture à la mairie de Vaulx-en-Velin. Le quartier de la Soie, à cheval sur Vaulx-en-Velin et Villeurbanne, s’est développé autour d’une usine de soierie artificielle, classée depuis un mois Monument Historique. Après la révolte des canuts, les grands patrons, à l’instar de la famille Gillet, délocalisent les métiers à tisser en périphérie. A partir de 1914, la population à Vaulx-en-Velin passe de 1 300 à 15 000 habitants en quelques années. On retrouve des ouvriers de plus de quatre vingt dix origines différentes, logés à côté de l’usine. Terrain de sport, café, église : l’esprit est très paternaliste. De la fermeture de l’usine de textile, il y a une trentaine d’années, au projet de renouvellement du Grand Lyon, via les projets Phare, le quartier de la Soie, lui aussi porteur de mémoire, n’a pas bougé.