L’UHSA est située au sein de l’hôpital psychiatrique du Vinatier de Bron, à l’écart des autres pavillons, et dispose de son propre accès extérieur. A prime abord, elle a tout d’une prison ordinaire avec ses hauts murs gris, portes blindées, grilles d’accès et son poste de garde. Or, à peine les sas d’entrée traversés, les blouses blanches remplacent les uniformes bleu nuit de l’administration pénitentiaire et le lieu prend l’aspect d’un hôpital. « Une fois que le patient a franchi la grille, il est pris en charge exclusivement par des soignants », explique le Professeur Pierre Lamothe, psychiatre et responsable du pôle Santé mentale des détenus et psychiatrie légale.
Ici point de détenus mais des patients, pas de cellules mais des chambres, sobres, équipées d’une télévision placée en hauteur derrière une vitre, d’un petit bureau et d’une salle de bain. Dans la cour intérieure, une table de ping-pong, un terrain synthétique, un panier de basket et quelques fleurs.
« Une avancée considérable dans la prise en charge médicale des détenus », s’est félicitée la Garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie. Selon elle, « 55% des détenus sont atteints de troubles psychiatriques ». Tous ne seront cependant pas suivi dans les UHSA. Couvrant 7500 prisonniers en Rhône-Alpes, Auvergne, à Dijon et Strasbourg, l’établissement lyonnais n’offre que 60 places. Il faudrait le double pour pouvoir prendre en charge tous les détenus nécessitant une hospitalisation. « Bien sûr, on va être obligés de faire des choix », admet le Professeur Lamothe, qui se dit néanmoins satisfait de la capacité de l’UHSA lyonnaise. « Cela nous permet un séjour moyen de 90 jours. C’est ce qu’on voulait ».
Les 8 premiers patients sont arrivés mardi dernier. Ils souffrent de schizophrénie ou de dépression. Si le personnel avoue manquer encore de recul pour juger les conditions de soin dans cette nouvelle unité, il se rend néanmoins compte des contraintes du monde carcéral. Ainsi, les infirmiers doivent systématiquement intervenir en binôme en raison de la dangerosité de certains patients.
Manifestation
L’inauguration de cette unité s’est faite dans un climat social tendu. Le personnel, qui est en grève depuis mardi, a dû être réquisitionné pour l’occasion. Les grévistes réclament une revalorisation de leur prime de risque de 117 à 234 euros et refusent de fouiller des détenus. Une tâche, qui relève, selon eux, de l’administration pénitentiaire.
Une cinquantaine d’agents ont manifesté à l’extérieur de l’hôpital, pour dénoncer une confusions des genres. « Un infirmier est là pour soigner, pas pour enfermer. On est devenu une annexe de la justice », pointe Philippe Rossillol, infirmier psy et membre du Collectif du 9mars. « Nous devons établir un rapport de confiance avec le patient pour qu’il accepte d’avancer dans sa pathologie. »