Les ennuis pour Baby et Népal, 42 ans, avaient commencé en août 2012 lorsque leur voisine d’enclos Java, de son vivant la plus vieille éléphante en captivité d’Europe, est décédée à l’âge de 67 ans. Les tests pratiqués à sa mort ont montré qu’elle était atteinte de tuberculose. De précédents examens sanguins réalisés en septembre 2010 sur Baby et Népal avaient déjà conclu à leur possible exposition à cette maladie et conduit les responsables du zoo à les éloigner du public, en raison du risque de contamination.
Des tests peu fiables selon Gilbert Edelstein, le directeur du cirque Pinder et propriétaire des deux pachydermes, qui avait pesté par la voix de son avocat : « Si on veut tuer son chien, on prétend qu’il a la rage, si on veut tuer son éléphant, on prétend qu’il a la tuberculose. » Or, seule l’autopsie peut affirmer avec certitude la maladie chez un éléphant. C’était d’ailleurs l’argument retenu par le tribunal administratif de Lyon qui avait validé l’arrêté d’abattage.
L’arrêté retoqué
Toutefois, l’histoire avait pris un tour favorable pour les deux pachydermes, lorsque le conseil d’état avait suspendu fin février l’arrêté préfectoral ordonnant leur abattage. « Il existe (…) un doute sérieux quant au caractère proportionné du choix de la mesure d’abattage », avaient écrit les juges, annulant la décision du tribunal administratif. Selon le Conseil d’état, il ne ressort pas du dossier « que des mesures autres que l’abattage des animaux (...) ne seraient pas de nature à permettre de prévenir efficacement les risques de contamination ».
Les juges lyonnais doivent à présent instruire le dossier en profondeur pour décider, à l’aide de nouveaux tests, si la mesure d’abattage est légale ou non. Leur décision pourrait être cette fois-ci favorable aux pachydermes, puisque le rapporteur public a demandé l’annulation de la décision préfectorale. Le jugement sera rendu dans deux ou trois semaines.
Une mobilisation nationale
Depuis que l’arrêté préfectoral a été rendu public, la mobilisation n’a pas faibli pour tenter de sauver la peau de Baby et Népal. Des pétitions ont succédé aux interventions people comme celle de Brigitte Bardot, qui avait menacé de demander la nationalité russe si les deux éléphantes sont tuées, « afin de fuir ce pays qui n’est plus qu’un cimetière d’animaux ».
C’est l’intervention de la princesse Stéphanie de Monaco qui a probablement permis de sauver les deux vieilles dames. Le préfet du Rhône, Jean-François Carenco l’avait reçue fin mars. Les Grimaldi ont finalement accepté d’accueillir les éléphantes dans leur propriété familiale de Roc-Agel, à Peille dans les Alpes Maritimes.
Toutefois, dans un communiqué publié début avril, « la princesse Stéphanie tient à préciser que cette arrivée ne peut se faire dans l’immédiat et qu’un tel déménagement se prépare ». Avant le déménagement des éléphantes, il faut notamment construire un enclos et un système de fosse septique pour retraiter les eaux usées.
Aucune date précise n’a encore été arrêtée pour le voyage de Baby et Népal, la préfecture du Rhône se contentant de déclarer qu’il aura lieu « dans les mois qui viennent ». Celle des Alpes Maritimes a indiqué de son côté que l’arrivée des éléphants n’était pas encore à l’ordre du jour, mais que « s’ils devaient venir, des contrôles sanitaires seraient réalisés ». Sans préciser si leur transport était autorisé en cas de nouveaux tests positifs.
« Si on me les laisse, je vais devoir les tuer, pas par plaisir, mais car c’est ma responsabilité », a d’ores et déjà prévenu Jean-François Carenco.