« C’est la première fois en 22 ans d’existence que le CHRD consacre une exposition au débarquement », note sa directrice Isabelle Doré-Rivé. En gestation depuis 2009, le projet a vu le jour à l’occasion du 70ème anniversaire du D-Day.
154 850 morts
Le 6 juin 1944 à 4h15 du matin, le général américain Dwight Eisenhower, commandant suprême des forces alliées, lance l’assaut. Dans les heures qui suivent, 156 000 soldats, américains, canadiens, britanniques et quelques français, débarquent sur les plages normandes rebaptisées Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword beach. Ils ont été précédés par des parachutages dès minuit et un déluge de feu tiré par la flotte - 6939 navires - et l’aviation alliées. Cent jours plus tard, alors que la ville du Havre est libérée, on déplore 154 850 morts : 80 000 allemands, 55 050 soldats alliés et 19 800 civils français.
L’exposition au CHRD permet de revivre cette bataille meurtrière à travers 14 étapes et presque autant de personnages. On découvre ainsi Maurice Hahn, un juif français enrôlé dans l’armée américaine comme traducteur et auteur épistolaire très prolifique (400 à 500 lettres), ou Jack Burton, marin américain et coureur de jupons qui confia à son journal intime toutes ses conquêtes américaines, anglaises et françaises. Mais aussi quelques-uns des nombreux soldats qui ont perdu la vie quelques jours seulement après avoir mis les pieds en Normandie, comme Frederick Arthur sur qui ses camarades trouvèrent une bible renfermant un trèfle à quatre feuilles.
Sans oublier des images des premières rencontres entre soldats américains et population française : de la distribution de bonbons et de chewing-gums à la découverte des bas en nylon et de Coca-Cola. En revanche, pas un mot sur les crimes perpétrés par ces soldats dont les nombreux viols ont été rappelés pour la première fois officiellement par le président de la république. « C’est un sujet sensible qui aurait mérité une exposition à part entière », justifie Antonin Dehays.
Effets personnels
Des photos et documents audiovisuels rares sont complétés par de nombreux objets prêtés par des proches, comme ces effets personnels d’un déserteur polonais, conservés par la famille Pradignac. Celle-ci a sacrifié un fils - abattu sous ses yeux par des soldats allemands - plutôt que de dénoncer les soldats qu’elle cachait.
De nombreuses conférences et visites guidées accompagnent l’exposition. Par ailleurs, une salle est consacrée au débarquement et bande dessinée en partenariat avec le festival Lyon BD, et un jeu de piste au musée invite les visiteurs à relever des mots codés afin d’accéder à des informations complémentaires sur le site www.cestledebarquement.fr.
Info : jusqu’au 4 janvier, CHRD, 14 Avenue Berthelot, Lyon 7ème. Rens. : www.chrd.lyon.fr