« Il y avait beaucoup de peurs, d’attaques, de violence », se souvient le cardinal Philippe Barbarin. A coup de pétitions et de procès, habitants mais aussi parents d’élève de l’école maternelle en face, ont tenté de faire échouer le projet.
Leurs arguments : des loyers sociaux qui feraient baisser la moyenne du quartier, ou encore la hauteur du bâtiment. « Que des arguties », s’indigne père Bernard Drevet, fondateur d’Habitat et humanisme, une association catholique qui agit depuis 25 ans en faveur du logement et de l’insertion des plus démunis. « J’ai dû déposer un recours pour discrimination sociale pour qu’ils arrêtent. »
« Il y a des pauvres, il y a des gens différents, ça fait beaucoup », ironise Jean-François Carenco, le préfet du Rhône, qui a soutenu le projet. « L’État a marqué beaucoup d’attention au paradigme de la mixité sociale », reconnaît Bernard Drevet.
L’immeuble, à l’angle entre la rue Trochet et la rue Tête d’or (Lyon 6), a été construit à la place de l’ancien couvent des Sœurs Franciscaines. Plus qu’au nombre de 3, celles-ci occupent d’ailleurs l’un des appartements du nouvel immeuble.
Baptisé Maison d’Assise, il comprend 62 logements, dont 28 vendus en accession sociale (3800 euros/m²) et 34 proposés à la location sociale (entre 5 et 9 euros/m²). Des prix défiant toute concurrence dans ce quartier où les appartements se négocient entre 5 et 6000 euros/m². « Des logements abordables » se réjouit le président d’Habitat et humanisme, en ligne avec l’ambition de l’association d’obtenir un logement pour tous. « Il est difficile de souhaiter un joyeux Noël, lorsque des familles n’ont pas de toit. »
Ici, le concept de mixité est poussé jusqu’au bout. Les appartements sociaux partagent le même pallier que ceux en accession, et les prestations sont les mêmes. « Personne ne peut savoir lequel est un logement social », se félicite Bernard Drevet.
Une organisation qui a permis à l’architecte Didier-Noël Petit de lancer une pique à Gérard Collomb. « A la Duchère, sur un lot, on réserve un immeuble à l’Opac et vend les 3 autres aux promoteurs privés », a-t-il persiflé. « Le jour où on arrive à la mixité sociale à l’intérieur d’un bâtiment, on aura fait un grand pas en avant. La vraie mixité est celle des hommes. »