Plus que jamais, Lyon, s’il reste la meilleure équipe de ces deux derniers mois en championnat (avec 17 points pris sur 21 possibles), est aussi l’une des équipes les plus instables. Après de piètres débuts de matchs à Rennes, Nice ou encore Benfica, les Gones ont récidivé hier soir, à Félix Bollaert face aux lensois. Cissokho, qui n’avait plus joué depuis un mois pour une blessure au tendon, retrouvait le terrain et le côté gauche de l’OL avec fébrilité. Diakhaté en défense centrale était lui aussi mis en difficulté, sans doute sensible à la pression qui entourait ce match, et créait le danger chez les Lyonnais en relançant, par deux fois, directement sur les nordistes.
Sans Bastos (suspendu), Gourcuff et Lisandro (sur le banc), l’équipe de départ de Claude Puel manquait d’expérience, mais pas de maîtrise. Le ballon était à l’avantage des Gones, à l’aise et supérieurs techniquement. Ils n’étaient cependant pas assez percutants et donnaient l’impression d’attendre que le match s’emballe un peu. « On a fait une très mauvaise entame de match. Lens a mis beaucoup d’agressivité et d’impact physique. Quand on avait le ballon on était très timoré et passif », décortiquait Claude Puel, un poil agacé. Un Lyon sans percussion, qui offrait du coup une longue période d’observation sans tirs, sans frappes, et allait se faire prendre à son propre jeu. Roudet, parti à la limite du hors jeu, voyait sa frappe déviée par Lloris, sorti... à l’extérieur de sa surface de réparation. Ce geste aurait pu aboutir à un carton rouge pour le gardien lyonnais, mais le corps arbitral considérait sans doute que la main de l’international lyonnais, capitaine des Bleus mercredi à Wembley face à l’Angleterre, était involontaire.
La bataille du milieu s’inversait peu à peu et la domination lyonnaise se faisait plus stérile. Une tendance qui allait se confirmer peu avant la demi-heure de jeu, avec un énième contre du RC Lens.
Lyon pris en contre
Sur une rapide attaque lensoise, Cissokho côté gauche taclait le ballon et lançait involontairement Akalé, plein axe. L’attaquant Sang-et-Or dribblait Lloris et inscrivait le premier but de la rencontre en faveur des locaux (0-1, 25’). Surpris, les Rhodaniens commençaient à accélérer le jeu mais confondait vitesse et précipitation. Les ballons pleuvaient en direction du pauvre Gomis, esseulé à la pointe de l’attaque, et ne parvenant pas à exploiter les trop rares ballons bien amenés. Un style de jeu peu productif : « Il fallait reposer le jeu parce qu’on ne faisait qu’envoyer des ballons longs sur Bafé », dénonçait ainsi Jimmy Briand. « On a plus posé le jeu par la suite ». Les ailes de l’OL (Pied et Briand) offraient néanmoins peu de solutions, et Pjanic se trouvait bien seul en milieu créateur. Les joueurs de l’OL devenaient nerveux et multipliaient les fautes : perte de duels, manque d’agressivité, déchet technique, erreurs de placements... Lyon bafouillait son football et rentrait aux vestiaires la tête basse.
Des changements qui (s’)imposent
Claude Puel, bien conscient que son équipe jouait à l’envers (aucune vraie frappe), faisait rentrer dès la reprise Lisandro et Gourcuff, en lieu et place de Pied et de Pjanic. La deuxième mi-temps repartait tout doucement, et il fallait attendre dix nouvelles minutes de jeu avant que Gomis, sur un centre de Makoun, n’oblige Runje à une parade du pied devant sa ligne de but (55’). Sur le corner, Lisandro tentait et cadrait une bicyclette que le gardien lensois, une nouvelle fois, repoussait en corner. La révolte argentine avait sonnée, et c’est l’ensemble de l’équipe qui allait se bonifier au contact du goléador sud-américain. Lens reculait devant le pressing fou infligé par l’OL, et sur une action collective, les hommes de Claude Puel recollaient au score.
Gourcuff trouvait Briand, qui récupérait à l’entrée de la surface et mettait un petit ballon à destination de Gomis, lequel frappait d’une volée croisée du droit, sur le poteau rentrant de Runje (1-1, 64’). Une action d’école qui redonnait des couleurs à la formation olympienne. Lens allait se faire punir pour son absence de jeu : Lovren, tout d’abord, trouvait le poteau nordiste sur un coup franc de Gourcuff, puis Gomis, de nouveau, allait trouver le chemin des filets.
Gomis... bis
Après sa passe décisive la semaine dernière contre Nice, Yoann Gourcuff se montrait une nouvelle fois décisif, servant parfaitement Bafé Gomis sur un centre précis. L’ancien Vert, de la tête, ne se faisait pas prier pour donner l’avantage à l’OL (2-1, 73’). « En deuxième mi-temps on a pris conscience qu’il fallait montrer autre chose. On a plus manié le ballon et on a été réaliste », admettait le double buteur du soir. Claude Puel pouvait savourer son coaching gagnant, auteur non seulement de l’entrée de Gourcuff, mais aussi du positionnement axial de Gomis. Alors que la fin de match s’emballait et que le public lensois, toujours aussi extraordinaire, encourageait les siens, Lisandro Lopez surgissait de nulle part sur un contre rondement mené pour sceller la victoire rhodanienne d’une belle frappe (3-1, 88’). Makoun, passeur décisif, déclarait qu’« en seconde période, on a posé le jeu, et grâce au changement tactique on a eu moins de difficulté. On n’a pas paniqué ».
Ce sera d’ailleurs le principal enseignement de ce match : Lyon, encore une fois dans la réaction, a su patienter pour prendre les trois points. Une performance moyenne, mais une victoire importante au bout, ponctuée par trois buts inscrits en deuxième mi-temps : voilà un scénario sur lequel les Lyonnais ne cracheraient pas s’il se reproduisait, ce mercredi, en Ligue des Champions. Car avec une victoire contre Schalke 04, les Lyonnais seront qualifiés ; peu importe la manière.
Plus que jamais, avec Lyon ces dernières saisons, seule la victoire compte.