Manifestation

Les travailleurs du sexe inquiets pour leur avenir

La marche annuelle pour le droit des travailleurs et travailleuses du sexe se déroulait pour la première fois à Lyon. Depuis 5 ans, cette manifestation vise à dénoncer la loi de 2003 qui pénalise le racolage passif. A l’appel du collectif Droits et prostitution, 130 prostituées, selon la police, sont parties de la place des Terreaux pour rejoindre le parvis de l’église Saint Nizier.

« Être prostitué, c’est mon droit, personne ne m’en empêchera ! ». Sur la le Quai Jean Moulin, les slogans et les pancartes sont explicites. « Nous voulons protester contre la répression », résume Leïla*, travailleuse du sexe.

La pénalisation du racolage passif est sur toutes les lèvres. « Que faire ? », demande Florence Garcia, directrice de Cabiria, une association de défense des prostituées. « Quand les filles travaillent dans une camionnette, elles reçoivent une amende et quand elles prennent un appartement, le propriétaire est arrêté pour proxénétisme ». La réouverture éventuelle des maisons closes ne semble pas être la panacée non plus. « Les filles qui refusent les pratiques du client sont mises à la porte », déplore Florence Garcia. Autre sujet de mécontentement, la probable pénalisation du client.

La situation ne date pourtant pas d’hier, explique Florence Garcia. « Depuis la loi de 2003, les conditions de travail se sont détériorées pour les travailleurs du sexe, avec des arrêtés municipaux interdisant la prostitution et le stationnement des camionnettes. Désormais, ils doivent se cacher et sont exposés à des risques énormes ». « Collomb a une politique trop répressive. Cela risque d’emmener des violences de la part du client », s’inquiète Claudette, prostituée venue de Suisse.

Pour sortir de ce « mépris », le collectif Droits et prostitution, le STRASS et l’association Cabiria organisaient vendredi dernier des assises de la prostitution. Au menu, des sujets comme l’accès au logement, ou l’exercice du travail sur internet. « Nous menons une réflexion en vue des prochaines élections pour être d’avantage reconnus par la loi », conclut Claudette.

* : prénom d’emprunt

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Publié le : dimanche 20 mars 2011, par Bruno Poncet