Art et essai

Le CNP Odéon tire le rideau

Le CNP Odéon ne rouvrira pas. Fermée pour cause de trêve estivale, la salle de la rue Grolée devait rouvrir ses portes mercredi prochain avec Inglorious Basterds de Quentin Tarantino à l’affiche. Son propriétaire Galeshka Moravioff en a décidé autrement. Et démonté en catimini toute l’installation.

L’histoire rappelle le démontage de l’usine de chips Flodor à Péronne (Somme) en plein mois d’août 2003. Ces faits ont alors valu à son directeur d’usine, une condamnation à six mois de prison avec sursis, notamment pour entrave au Comité d’Entreprise et à l’Inspection du Travail. Des griefs qui ne sont pas reprochés à Galeshka Moravioff. Pour le reste, le procédé est identique : Le week-end du 8 et 9 août 2009, le propriétaire a fait déménager la cabine de projection à Marseille, où il possède deux autres cinémas, et mardi, les 276 fauteuils ont été à leur tour démontés, pour être entreposés à l’Institut Lumière, comme l’a appris la radio Lyon 1ère. Le tout sans prévenir ses salariés.

Interrogé par Lyon Capitale, Galeshka Moravioff, par ailleurs pianiste, compositeur et peintre, s’emporte : « C’est mon droit le plus absolu. Je ne vois pas pourquoi je préviendrai les employés d’une décision technique. » Et d’accuser les collectivités : « Le CNP Odéon aurait pu survivre avec des aides de la mairie et de la région ». Réponse du tac au tac de Georges Képénékian, adjoint à la culture à la mairie, interrogé par Le Progrès (14/8/2009) : « Galeshka Moravioff n’est pas quelqu’un de sérieux. S[’il] avait eu un vrai projet, nous l’aurions aidé. Mais il n’a pas de projet. »

Après la fermeture de l’Odéon, l’inquiétude est grande concernant les deux autres établissements, Bellecour et Terreaux. Jean-François Buiré, président de l’association Les Inattendus, qui avait publié le 25 mai dernier une lettre ouverte pour alerter sur la situation précaire des CNP, croit savoir que Moravioff ne souhaiterait conserver que la salle de Bellecour.

Avec de nombreuses dettes et une fréquentation en baisse, l’état financier des CNP se dégradait depuis des années. Dans sa lettre, Jean-François Buiré rejetait la faute sur la gestion de Moravioff, qui aurait favorisé ses salles marseillaises et parisiennes au détriment des CNP lyonnais. Galeshka Moravioff, de son côté, affirme ne pas avoir d’autre fermeture prévue, tout en concédant la nécessité d’une « restructuration ».

Publié le : vendredi 14 août 2009, par Michael Augustin