2,4 millions d’euros ont été versés à tort

Fraude à la Caf : Roselyne Bachelot fait le point à Lyon

La fraude aux allocations familiales est estimée entre 540 et 800 millions d’euros en France. Elle concernerait 2,15 % des allocataires. Ce vendredi, la ministre de la cohésion sociale Roselyne Bachelot était à Lyon pour visiter la Caf de la Part-Dieu, la troisième plus grande en France avec ses 305 790 allocataires (après Paris et les Bouches-du-Rhône). Elle a détaillé son plan d’attaque dans une ville où la fausse nounou semble faire recette. Une visite quelque peu pittoresque...

« Joli T-shirt », s’exclame la ministre, à peine la porte d’entrée passée. Les 2 pouces en l’air, elle crie son admiration pour le polo rose fluo d’un agent installé à l’autre bout du hall d’accueil. Puis, après un petit tour aux bornes de consultation, elle s’enquiert de l’heure des pics d’affluence. « 10h », répond une guichetière. « C’est bientôt », commente la ministre. Il est 10h25.

Après une petite demi-heure passée avec les agents de la Caf, Roselyne Bachelot rejoint la salle de réunion au sixième étage de l’immeuble du boulevard Vivier-Merle, pour écouter les explications de Marc Tixier, président de la Caf de Lyon et Christian Toupenet, son directeur des prestations. 5570 contrôles ont été effectués par les 15 agents du service fraude de la Caf de Lyon. Dans 1302 cas, leur quête a porté des fruits et a mis à jour 2 418 949 euros d’allocations perçues à tort. D’un autre côté, les contrôles ont permis à 1055 allocataires de réclamer des prestations auxquelles ils n’avaient pas pensé, pour un montant total de 1 138 552 euros.

Dans 82 % des fraudes, les bénéficiaires avaient omis de déclarer toutes leurs ressources. En premier ligne, les chômeurs ayant retrouvé un travail sans le signaler à la Caf. Depuis 2009, la caisse d’allocations peut interroger directement les fichiers de l’Urssaf et s’informer de chaque nouvelle embauche. Les contrôleurs de la Caf ont désormais accès à un grand nombre de fichiers : Pôle emploi, CNAV, banques, mais aussi EDF, GDF, fournisseurs d’eau, opérateurs de téléphone, poste... « Nous faisons un travail de fourmi », commente Pascal Desmaris, l’un des 15 contrôleurs lyonnais. Ce travail a permis de mettre au jour ce qui semble être un sport local : la fausse nounou. « 5 salariées ont été déclarées par 85 employeurs différents », se souvient le contrôleur.

La plupart du temps, la Caf se contente de rappeler le trop-perçu auprès des fraudeurs. Dans les cas les plus graves (usurpation d’identité, escroquerie) ou si la somme dépasse les 11 784 euros, une plainte est néanmoins déposée. Le Conseil général fait de même en cas de fraude au RSA de plus de 5000 euros.

Si le travail dissimulé est maintenant facile à détecter, il en va autrement pour les personnes en couple qui déclarent vivre seules. « Il nous faut des témoignages du voisinage qui sont difficiles à obtenir », explique Pascal Desmaris. « Les personnes peuvent subir des pressions. » S’il déclare être généralement « bien accueilli » par les personnes visitées, il reconnaît être « souvent confronté à de la précarité. Il y a parfois des situations dramatiques. Nous devons prendre en compte le côté humain. »

Une heure de réunion plus tard, et après avoir loué « des gens formidables, pleins d’humanité et de gentillesse », Roselyne Bachelot siffle la récré : « Si on veut boire un petit coup, il faut qu’on arrête maintenant. » Un peu plus tard au buffet, elle commente : « On en entends de ces fantasmes... 2 %. On n’est pas dans une population de fraudeurs, loin de là. »

Toutes les photos de la visite sont sur www.facebook.com/lyoninfo

Publié le : vendredi 8 avril 2011, par Michael Augustin