Pour les syndicats il y a urgence
Plusieurs milliers d’enseignants, mais aussi des parents d’élèves, lycéens et collégiens ont battu le pavé mardi matin pour protester contre les suppressions de postes dans l’éducation et dénoncer l’impossibilité, selon eux, de faire cours dans de bonnes conditions. Ils étaient 3000 selon la police et 4500 d’après les syndicats. « Une très grosse réussite », se félicite Jean-Louis Perez, secrétaire académique du SNES-FSU.
« J’en ai marre », s’écrie Michèle Behrens. C’est la première fois que cette maitresse de CM2 de l’école Léon Jouhaux (Lyon 3ème) fait grève. Elle dénonce les suppressions de poste, 80 000 en 5 ans en France, soit 10% de l’effectif. Mais aussi des enseignants ballotés d’un établissement à l’autre, les évaluations faites de manière à ne pas augmenter les salaires. « On nous traite comme du bétail », s’insurge l’enseignante.
Si l’appel des syndicats a été suivi massivement chez les profs, il a également mobilisé bien au delà. Parents d’élèves, lycéens, collégiens, ainsi que de nombreux enfants ont grossi les rangs. Céline Farnier est venue accompagnée de sa fille de (presque) 4 ans. « Parce que ça la concerne aussi », explique cette maman. « Si on ne bouge pas, rien ne changera. », Parent d’élève FCPE à la cité scolaire Saint-Exupéry (Lyon 4ème), elle dénonce le manque de remplaçants. Ainsi une prof de français, partie en formation, n’est toujours pas remplacée. « L’administration est au courant depuis avril », s’insurge la maman. « Certains de ses élèves passent leur brevet à la fin de l’année. C’est inadmissible. »
Pour éviter trop de fermetures de classes, l’administration a dû titulariser nombre de remplaçants. Résultat ? Dès le début de l’année, dans certaines matières les profs absents ne sont plus remplacés. Ainsi en mathématiques, des profs de physique doivent jouer les pompiers. « Le boulot est fait n’importe comment », s’insurge Jean-Louis Perez du SNES-FSU.
Ce qui n’empêche pas le nombre d’élèves par classe d’augmenter de plus en plus. « Nous sommes 37 », se désolent Elsa et Lolita, deux lycéennes en terminale à Saint-Exupéry. « Tous les ans, ça augmente. L’année dernière on était 34, l’année d’avant 30. Ce ne sont pas de très bonnes conditions pour passer notre bac », déplorent les deux jeunes filles, qui dénoncent également la disparition de certaines options.
Un mal qui ne touche pas uniquement l’école publique. Catherine Lacroix et Mireille Lécolle enseignent dans une école privée à Civrieux-d’Azergues. « Nous avons 31 élèves dans une classe de CE1 », s’indignent les deux enseignantes, qui déplorent également la disparition de postes d’assistantes spécialisées pour l’accueil d’enfants handicapés. « Cela se fait au détriment des enfants en difficultés », notent ces deux militantes CFDT.
Un peu plus loin, une jeune femme arbore un bandeau I love mon IUFM. « Je suis attachée à l’idée qu’il faut une formation pour devenir enseignant », déclare-t-elle. Car depuis la rentrée 2010, les jeunes diplômés sont mis devant leurs élèves sans aucune formation pratique. Auparavant, celle-ci était dispensée dans les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM).
Aurélie Perchet est l’une de ses jeunes enseignantes. Elle se souvient de l’année de galère qu’elle a passée : « j’enchaînais des remplacements entre 1 semaine et 3 mois. C’était très difficile. Heureusement, il y avait mes collègues pour m’aider. » Elle affirme n’avoir vu son tuteur, en principe responsable de sa formation, que 2 fois. « C’était plus pour me juger que pour m’aider. » Cette année, elle a pourtant eu de la chance. Depuis la rentrée, elle occupe un poste fixe, alors que les trois quarts de ses collègues enchaînent toujours des remplacements.
Comme elle, 55% des enseignants ont fait grève ce mardi dans le Rhône, selon les chiffres des syndicats. Le rectorat, qui ne dispose que de données globales pour toute l’Académie, soit le Rhône, l’Ain et la Loire, parle de 20% de grévistes.
Une délégation syndicale a été reçue en fin de matinée par le recteur de l’Académie. « Nous demandons la restitution des 16 000 postes supprimées cette année et un plan de recrutement pluriannuel. Il y a urgence », clame Jean-Louis Perez. Le gouvernement a d’ores et déjà programmé 14 000 suppressions de postes supplémentaires à la rentrée 2012. Les syndicats, eux, doivent se réunir rapidement pour décider de la suite de leur mouvement.
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Publié le : mardi 27 septembre 2011, par