Un plan d’action en préparation
Avec le réchauffement de la planète, l’eau devient une ressource rare, même en Rhône-Alpes. « Les années sèches comme 2003 seront de plus en plus fréquentes », prévient la préfecture. Elle essaie de faire face aux changements, dans le sillage d’un Plan national d’adaptation au changement climatique, qui prévoit la diminution de 20% des prélèvements d’ici 2020.
L’heure était grave, vendredi dernier lors de la réunion du comité de bassin Rhône-Méditerranée. « Ce n’est pas de la rigolade, ni de l’idéologie verte décroissante », a prévenu le préfet du Rhône, Jean-François Carenco. « Ça existe réellement. »
« Ça », c’est la raréfaction de l’eau. « Le réchauffement du climat a commencé, et ses effets se font de plus en plus sentir », peut-on lire dans un document édité par la préfecture. « On assiste à un effondrement global des précipitations », précise Michel Dantin, le président du Comité de bassin. Moins 30% en 10 ans dans certains secteurs. « 40% du bassin Rhône-Méditerranée connaissent d’ores et déjà des pénuries d’eau », ajoute Martin Guespereau, le directeur de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse.
Et l’eau manque à tous les niveaux. Le niveau des fleuves baisse. Or, les nappes phréatiques se remplissent grâce aux fleuves. Par conséquent, elles sont à des niveaux historiquement bas et peinent à se remplir. « La bassine se vide », a commenté le préfet.
Un effet de chaîne qui commence tout en haut dans les Alpes. « Dans les Alpes du Nord l’enneigement a baissé de 30% », souligne Martin Guespereau. Avec une forte variabilité d’une année à l’autre qui apporte son lot d’incertitude aux professionnels de la neige. Ainsi, l’hiver dernier, de nombreuses stations déploraient 50% moins de neige que d’habitude.
La réduction des glaciers alpins se confirme, il y a de moins en moins de neige et celle-ci fond de plus en plus tôt. Or, « moins de neige en hiver pour skier, c’est aussi moins d’eau dans les rivières au printemps », note la préfecture.
D’où le Plan d’adaptation au changement climatique, qui doit permettre de faire face. L’objectif est de réduire les prélèvements d’eau de 20% d’ici 2020. « Le plan fait la part belle aux économies », expose Martin Guespereau. « Il y a un potentiel fabuleux. »
Si l’industrie a déjà fait d’importants efforts pour réduire sa consommation, l’agriculture se trouve dans la ligne de mire du préfet. Elle ne représente que 29,6% de la consommation d’eau (33,6% pour l’industrie et 36,8% pour les ménages), mais elle « a besoin de quantités importantes d’eau quand celle-ci est rare », insiste Jean-François Carenco. C’est à dire en été. « Il faut trouver des variétés de plantes plus précoces, qui ont besoin de l’eau avant juillet. »
Autre gisement d’économies : la lutte contre le gaspillage. Car de nombreuses canalisations sont trouées comme des gruyères. Dans certaines villes, 70% du précieux liquide n’arrivent jamais à destination à cause des fuites. Si Lyon fait partie des bons élèves avec un taux de perte de 17%, elle reste loin des meilleurs qui arrivent à acheminer 95% de la quantité initiale. Un décret fixera bientôt un objectif de performance de 85% partout.
Enfin, la préfecture commandera une étude pour connaître la quantité d’eau qui circule dans le Rhône et sa température. Une question loin d’être anodine, car les 4 centrales nucléaires de la région sont refroidies par l’eau du fleuve. Si elle est trop chaude ou s’il n’y en a pas assez, elles doivent réduire leur production. L’été dernier, 3 d’entre elles ne tournaient ainsi qu’à 50% de leur capacité. « Ce fleuve n’est peut-être pas aussi inépuisable qu’il le semble », conclut Jean-François Carenco.
Publié le : mercredi 14 décembre 2011, par