Projet

Hôtel Dieu 5 étoiles

Il y aura un hôtel de luxe, des bureaux, un centre de séminaires, des commerces et des restaurants. Le projet de reconversion de l’Hôtel Dieu, que Gérard Collomb a présenté hier à la presse, correspond assez fidèlement au scénario décrit dans son programme électoral. A un détail près, celui de préserver sur le site des activités de santé publique, jugées à l’époque pourtant « indispensables en cœur de ville et dans le respect de la tradition pluri-centenaire de ce site. » La candidat-maire avait alors préconisé que « les HCL y maintiendront une offre de consultations et de soins ambulatoires. En outre, des associations de santé publique y trouveront pleinement leur place. » Il n’en est plus question.

Après le départ des activités hospitalières début 2011, l’Hôtel Dieu, situé à deux pas du carré d’or et du quartier Grolée, deviendra un équipement résolument axé sur le luxe, afin de participer au « rayonnement international de la ville », cher à Gérard Collomb. L’hôtel prévu comptera quelques 150 chambres. L’entrée principale se situera quai Jules Courmont, dont le portail monumental, aujourd’hui condamné, rouvrira donc. Les surfaces commerciales occuperont les rez-de chaussée des côtés est (quai) et sud (rue de la Barre), où le maire souhaiterait voir s’installer magasins et galeries d’art. Coté cour, des restaurants sont prévus. Quant aux bureaux, ils devront être haut de gamme et accueillir, des activités de niveau international, dans le champ de la santé ou de la recherche, ou, à défaut, des activités juridiques, bancaires etc…

La reconversion du site de 35 000 m2 utiles sera confiée à un seul opérateur, via un bail à construction. Les Hospices Civils restent propriétaire du site, pour éviter une opération de vente à la découpe comme dans le quartier Grôlée. La durée du bail sera comprise entre 18 et 99 ans. Il y aura donc matière à négociation pour l’investisseur retenu. Le coût de la réhabilitation de l’Hôtel-Dieu est estimé à 120 millions d’euros. « Ni les HCL, ni la Ville, ni le Grand Lyon ne sont en mesure de s’offrir aujourd’hui cette opération », a précisé le maire au cours d’une conférence de presse.

Bien que ce scénario ait été voté par le comité de pilotage, Gérard Collomb se dit rester « ouvert » à toutes les propositions. « Que ceux qui ont des projets précis nous écrivent, mais il ne faut pas parler dans le vide. Il faut que les choses se fassent », a-t-il réclamé, en excluant toutefois de prêter ce site pour des activités industrielles ou agricultrices. On voit effectivement mal des chèvres venir paître dans les cours étriquées de l’hôpital.

Un appel à candidatures sera lancé début octobre. Les opérateurs intéressés ont jusqu’à décembre pour remettre leurs dossiers. Un premier jury statuera alors selon les références, moyens et motivations des candidats. Puis un deuxième choisira le projet vainqueur en fonction de l’offre financière, du projet architectural et de la valorisation du patrimoine patrimoniale. Le choix final sera connu en juillet 2010. Les travaux devront alors s’échelonner entre 2012 et fin 2014.

Dans son programme électoral, Gérard Collomb avait en plus prévu qu’ « une requalification des voies sur berge sera nécessaire ainsi que celle de la rue et de la Place Bellecordière. » Si le projet présenté prévoit bien une piétonisation éventuelle d’une partie de la rue Bellecordière et de la place de l’Hôpital, il n’y est plus question des voies sur berge.

Hôtel Dieu

Au XIIe siècle, la section lyonnaise de la Confrérie laïque des frères pontifes construit le pont du Rhône, à l’emplacement de l’actuel pont de la Guillotière et à proximité en 1184-1185 un hospice, l’hôpital du Pont du Rhône. Racheté depuis par la municipalité et plusieurs fois remanié, l’hôpital est agrandi à plusieurs reprises au cours du XVIIe siècle. C’est au XVIIIe qu’il prend son apparence définitive au cours de travaux dirigés par Jacques-Germain Soufflot, à qui on doit la façade en pierre de taille blanche et sa riche décoration extérieure, ainsi que le grand dôme. Léon Bérard y crée en 1923 le second centre anticancéreux français.

Durant le 20e siècle, le développement des nouveaux hôpitaux de l’agglomération (Edouard Herriot, Lyon Sud, les hôpitaux neurologique et cardiologique…) a progressivement étendu le tissu sanitaire lyonnais.
Peu à peu, les bâtiments de l’Hôtel Dieu, qui sont en partie classés, n’étaient plus adaptés aux besoins fonctionnels d’un hôpital moderne. Le transfert de toutes les activités de médecine, de chirurgie et d’obstétrique dans les autres établissements des HCL de Lyon est donc prévu d’ici 2011.

Publié le : samedi 26 septembre 2009, par Michael Augustin