Salle comble à Villeurbanne

9000 personnes à la Doua pour acclamer Mélenchon

Il fallait être à l’heure mardi soir au Double-mixte (Villeurbanne). 9000 personnes ont assisté au meeting électoral de Jean-Luc Mélenchon. Les organisateurs, vite débordés, n’en avaient prévu que 6000 et ne laissaient rentrer qu’au compte-gouttes, le temps de déplacer les stands militants et d’installer des chaises supplémentaires. Les retardataires ont dû pour certains attendre 45 minutes à l’extérieur dans le froid.

Le meeting avait des allures de concert rock. 4000 militants se pressaient debout derrière des grilles, encadrés par un service d’ordre aux aguets, pour acclamer leur champion en direct au niveau supérieur. A l’étage en dessous, 2000 chaises étaient installées, pour permettre de suivre le discours sur grand écran. C’est là que des chaises ont dû être rajoutées en catastrophe pour finalement compter autant de personnes debout qu’assises.

« Ce soir, nous tenons trois meetings en une soirée », a plaisanté le candidat, en incluant ceux qui, à ce moment là, étaient encore à l’extérieur. Quatre même, car la manifestation était également retransmise sur Internet, où 3000 personnes étaient connectées vers 20h30, selon les organisateurs.

Le Front de gauche maltraité par les médias

Mardi soir, Jean-Luc Mélenchon n’a pas failli à ses talents de tribun, se faisant le défenseur des « précaires ». Sans oublier de décocher une flèche contre les médias. « Depuis janvier, 70% du temps d’antenne a été réservé au PS et à l’UMP », dénonce le candidat, énumérant les mauvais élèves : « M6 : moins de 1% pour le Front de gauche mais 60% pour Madame Le Pen », 2,76% sur France 5, 3,7% sur TF1, 2,7% sur France Inter, 2,9% sur France Info. « Ne comptez que sur vous-mêmes », a-t-il lancé à l’audience. « Le premier média du peuple est le peuple lui-même. »

Accompagné de Danièle Obono, jeune représentante de Convergences et Alternative, mouvement issu d’une scission du NPA, et du secrétaire national du PCF Pierre Laurent, le candidat du Front de gauche s’en est surtout pris à sa cible préférée, Marine Le Pen, qu’il entend « chasser des usines et des milieux populaires ». « Ça fait 40 ans qu’ils ne servent à rien », a-t-il lancé au sujet de la candidate frontiste et de son père, estimant qu’« ils n’arrivent pas à exister sans détester quelqu’un. La génération d’avant ils étaient anitsémites, la génération suivante, ils sont anti-arabe et anti-musulman, et peut-être la génération d’après, quand on aura fini avec la père et la fille, ce sera la petite fille, qui va s’en prendre aux bouddhistes, aux taoïstes, car il y a des Chinois partout. » « Nous sommes un peuple mélangé et nous sommes fiers de l’être », leur a-t-il opposé.

Puis, il a longtemps professé sur la « hiérarchie des normes » entre la loi, les conventions collectives et le contrat de travail, dénonçant les accords compétitivé-emploi voulus par l’UMP. Accords qui permettraient, selon lui, de conclure pour la première fois des accords d’entreprise ou des contrats de travail moins favorables que la loi. « On n’en a pas entendu parler », a-t-il relevé, soulignant que c’était la porte ouverte à davantage de « précarité ».

Avant de dérouler ses propositions : titularisation des 850 000 précaires de la fonction publique, limitation des contrats précaires à 5% dans les grandes entreprises et 10% dans les petites, réquisition des « 2 millions de logements vides », Smic à 1700 euros. « Nous retirons cette proposition si on nous prouve qu’on peut vivre avec 1000 euros. Voire moins pour les temps partiels », a-t-il justifié cette dernière mesure.

Sans oublier de décocher une flèche contre François Hollande, dont il a raillé le geste, inventé par la cellule communication du PS, consistant en un mouvement parallèle de mains. « En langage des signes, cela veut dire : radio du thorax », a-t-il ironisé. « Allons faire une radio du thorax. Les amis, vous verrez : le cœur est à gauche. » Mélanchon, lui, préfère le poing fermé, « un vrai signe de ralliement ».

Le candidat a appelé ses soutiens à venir le rejoindre à la Bastille le 18 mars, jour du début officiel de la campagne présidentielle, mais également « anniversaire du commencement de la commune de Paris ».

« Notre cri n’est pas celui d’une personne, mais celui d’une cause : résistance », a conclu Jean-Luc Mélenchon. « Résistance, résistance, résistance », lui répondait en cœur le public.

Toutes les photos du meeting sont sur www.flickr.com/lyoninfo/

Publié le : mercredi 8 février 2012, par Michael Augustin