Prisons

Le préfet veut sauver Saint Paul et Saint Joseph

Oui, les prisons de Perrache peuvent être sauvées. C’est en substance le message que le préfet du Rhône, Jacques Gérault a délivré face à la presse, lors de la présentation des résultats de l’appel à idées qu’il avait lancé. 16 projets ont été soumis, dont la plupart préconisent la conservation, du moins partielle des bâtisses.

Il y a un an encore, les deux prisons, Saint Joseph et Saint Paul, étaient vouées à la démolition, le ministère de la justice, leur propriétaire, les jugeant trop délabrées pour être conservées, d’autant plus que deux prisons de la même époque, et en meilleur état, existent à Toulouse et Montpellier. « Oui, mais Montpellier et Toulouse ce n’est pas Lyon », argue le préfet. Interpellé par des associations de riverains, il se décide en janvier à bloquer la procédure de démolition et de lancer un appel à idées, pour savoir si la conservation de deux bâtiments du 19ème siècle (Saint-Joseph a ouvert en 1831 et Saint-Paul en 1865) est envisageable. « J’ai dû batailler aux plus hautes instances », se souvient le fonctionnaire.

Des instances qui lui n’ont pas laissé beaucoup de temps. La consultation était alors menée au pas de charge. « Une gageure », estime le préfet, qui est d’autant plus fier d’avoir réussi son pari : « 16 architectes ont répondu "oui, nous souhaitons réutiliser les prisons aux conditions que vous posez" », se félicite Jacques Gérault. Des conditions toutefois pas anodines, car l’Etat souhaite tirer 24 millions d’euros de la vente du terrain de quelque 25 000 m2, de l’argent destiné à financer la construction de nouvelles maisons d’arrêt.

Sur les 16 réponses, seules deux préconisent de raser les bâtiments, les autres souhaitent les conserver au moins partiellement. Les architectes prévoient d’y installer tantôt des commerces ou des galeries, tantôt des logements ou des équipements publics (piscine, école, équipement sportif), ou encore aménager une promenade de la place des Archives jusqu’au Rhône. Quant aux murs d’enceinte, certains souhaitent les préserver en l’état, d’autres les ouvrir, et un projet prévoit même des les élargir pour y installer des logements. Si l’Université catholique a bien remis un projet, Lyon 2, un temps également pressentie pour occuper les lieux, figure aux abonnés absents.

L’appel à idées ne présage cependant en rien l’utilisation finale des prisons. « C’est une approche novatrice qui mérite d’être généralisée », estime le préfet. Mais elle ne remplace pas l’appel d’offres pour la vente des terrains, qui sera lancé en janvier prochain, pour une remise des offres en mai et une vente en septembre. D’autant plus que le PLU est en cours de révision. Il limite pour l’instant la hauteur des immeubles à six étages. Cette limite pourrait être portée à huit, comme à la Confluence, ce qui rendrait l’opération plus rentable pour les promoteurs.

« J’espère de tout cœur que les deux tours octogonales seront conservées », s’exclame le préfet, qui promet de veiller à ce que l’aménagement soit « beau et cohérent ». Et de lancer ce cri du cœur : « Je souhaite qu’on soit fier dans quelques années de ce qu’on aura fait pour les générations ». Et surtout éviter de répéter les erreurs des années 70 quand Lyon coulait sous le béton.

Publié le : mardi 29 septembre 2009, par Michael Augustin