CNP

"J’investirai 100 000 euros aux Terreaux"

Venus faire passer des entretiens de licenciement à sept des huit contrôleurs, agents d’entretien et assistants de direction concernés par un dégraissage d’effectifs, Galeshka Moravioff, PDG des CNP, et son avocat ont été accueillis par des huées. Une trentaine de salariés en grève, soutiens ou simples cinéphiles s’étaient rassemblés au CNP Terreaux pour manifester leur mécontentement.

Pendant tout l’après-midi, les sept salariés ont défilé dans un bureau à l’étage du cinéma de la rue Edouard Herriot. En revanche, les cinq employés affectés à l’Odéon, fermé cet été en catimini par son propriétaire, n’étaient pas concernés par le plan de licenciement. Privés de leur outil de travail depuis un mois et demi, ils doivent être repartis sur les deux sites restants, Bellecour et Terreaux. Déjà en 1998, lorsque Moravioff rachète les trois cinémas à leur fondateur Roger Planchon, il annonce un plan social, jamais mis en oeuvre. « Je n’ai pas voulu casser un fonctionnement quasi familial », se défend le PDG. Alors, incompétence manageriale ou bienveillance exagérée à l’égard du personnel ?

En attendant, les craintes grandissent, quant à l’avenir des cinémas Bellecour et Terreaux, privé de leur vaisseau amiral de la rue Grolée, dont la programmation plus grand public, permettait de compenser les choix plus exigeants des deux autres cinémas. Au cours d’un entretien avec la presse, à l’issue de ceux avec les licenciés, Galeshka Moravioff s’est voulu rassurant : « Je me battrai pour que ces salles perdurent », a-t-il déclaré. Tout en reconnaissant que son projet de développement lyonnais a pris l’eau : « J’ai voulu acheter les 8 Nefs pour créer un seul lieu moderne dédié au cinéma indépendant avec plusieurs salles. J’avais 55% du financement en fonds propre, mais les banques n’ont pas suivi ». Et c’est Pathé qui a racheté le cinéma.

Face aux critiques d’avoir laissé péricliter ses salles lyonnaises faute de travaux, le PDG concède que « ça a été fait un peu à moitié », tout en insistant sur la rénovation réalisée à Bellecour. Pour le site des Terreaux, il promet d’investir 100 000 euros, pour refaire la climatisation et éventuellement changer le matériel de projection. S’en sortira-t-il sans subventions des collectivités locales (pour 2009, les CNP ont reçu tout de même 53 615 euros de la part du Centre national du cinéma) ? « Je souhaite que les collectivités se mobilisent », déclare Moravioff. Et de s’exclamer : « J’ai besoin de vos aides ». D’autant plus que, selon lui, sa part de marché à Lyon est passée en dix ans de 17 à 5%. Confiant de pouvoir rectifier le tir avec une programmation différente, il annonce qu’un bilan sera tiré en juin prochain.

Publié le : mardi 29 septembre 2009, par Michael Augustin