Nathalie Chaize

La mode pour redonner confiance et trouver un emploi

L’initiative est originale. Elle associe atelier de couture, coaching en image et garde-robe de créateur, au sein d’un parcours d’insertion. Imaginé par la créatrice lyonnaise Nathalie Chaize (photo) en collaboration avec la Ville de Lyon et plusieurs structures sociales, ce projet vise à redonner confiance à des femmes en grande précarité, pour les aider à trouver un travail. L’inauguration officielle a eu lieu vendredi matin.

Tout est parti il y a un an d’une rencontre entre Nathalie Chaize et deux adjointes de la Mairie de Lyon : Sylvie Guillaume et Anne-Sophie Condemine. « Il me reste toujours du stock des collections précédentes », explique la créatrice, à la tête d’un réseau de huit boutiques en France. Déjà engagée dans des opérations de charité et de lutte contre le Sida, elle cherchait alors une association à qui offrir ces vêtements.

La Mairie propose l’atelier Zig zag, une structure d’insertion à Mermoz (Lyon 8ème). Créé en 2001, cet atelier de couture se veut un tremplin vers l’emploi pour des personnes qui, souvent, n’ont jamais travaillé. Il accueille une douzaine de femmes en contrat aidé de 6 mois, renouvelable une fois. Elles travaillent 20 heures par semaine, soit le matin, soit l’après-midi.

« Cet atelier leur redonne le goût du travail, leur apprend à s’intégrer dans une équipe et à respecter des horaires », explique Nathalie Chaize, ravie de pouvoir les aider à « mettre le pied à l’étrier ». Et d’insister : « quand on a de la chance dans la vie, il faut penser aux autres. Ça donne du sens à ce qu’on fait. »

« On était emballées par l’idée », se souvient Anne-Sophie Condemine. Elle va alors chercher un troisième intervenant : l’agence Image et Attitudes. Ce spécialiste du développement personnel va coacher les salariées de l’atelier Zig zag à la fin de leur parcours d’insertion, les conseiller sur la morphologie ou encore la colorimétrie.

« Ces femmes, souvent isolées et en grande difficulté, apprennent les codes vestimentaires du monde du travail, comment se présenter devant un recruteur », précise Anne-Sophie Condemine. « Quand il faut donner une image de soi, le vêtement est important : il peut aider comme il peut desservir », ajoute Nathalie Chaize.

La mezzanine inoccupée de l’atelier Zig zag est alors aménagée en salon d’essayage. Baptisé Reflet de soie, c’est ici que sont soigneusement accrochés les habits apportés par Nathalie Chaize, environ 300 pièces. A la fin du stage, chaque femme peut choisir une tenue complète. « Être bien habillé peut redonner confiance en soi », explique la créatrice. Un paramètre important pour toute démarche de recherche d’emploi. « Si elles n’ont pas confiance en elles, cela ne va jamais marcher », insiste Anne-Sophie Condemine.

« Les essayages ont donné lieu à des moments très émouvants », se souvient Nathalie Chaize. « Beaucoup de participantes sont voilées. Puis, au bout d’un moment, elles commencent à enlever le voile. Ça leur permet aussi de réfléchir là-dessus. »

Lancé en septembre 2011, le projet devra maintenant s’ouvrir à des femmes extérieures à l’atelier Zig zag. Sélectionnées par les trois antennes lyonnaises de la Maison de l’emploi (Gerland, Mermoz, Duchère), quelque 80 femmes par an pourront ainsi bénéficier des ces stages, sur les 2500 demandeurs d’emploi très précaires recensés à Lyon.

Publié le : vendredi 1er juin 2012, par Michael Augustin