Bilan de la saison 2012 à Lyon - épisode 1
Juin 2011. La planète sport lyonnaise était en orbite. L’OL avait accroché un 13ème podium consécutif, tandis que l’équipe féminine s’était envolée au sommet de l’Europe, une première française. Le Lou, les volleyeurs de l’Asul et les filles du Lyon basket féminin étaient montés en première division et le LHC (hockey) en 2ème. Un an plus tard, l’heure n’est plus à la fête, la désillusion a pris le pas sur l’euphorie. Lyon Info dresse un bilan sans concessions de la saison sportive 2011/2012. Premier épisode : l’OL masculin.
Joies et déceptions, les supporters de l’OL sont passés par toutes les émotions. « On a récolté le même nombre de points que l’an dernier », se justifie Rémi Garde. « Cette année, ce nombre de points ne nous classe que 4ème, et non pas 3ème. C’est dommage, mais je pense que l’on est à notre place ». Ces mots très lucides résument bien le paradoxe de la saison lyonnaise : une Coupe de France remportée, des résultats pas si mauvais, malgré de grosses difficultés constatées à l’extérieur, mais au final, une saison qui s’est terminée sur un goût d’inachevé. Comme si l’OL avait pu faire plus, avait pu faire mieux. Car c’est un fait : les joueurs rhodaniens sont passés à côté de leurs grands rendez-vous et de leur objectif prioritaire : une place sur le podium du championnat.
C’est le principal enseignement d’une saison nationale mi figue-mi raisin : l’OL, 3ème équipe à domicile, mais seulement 7ème à l’extérieur, a loupé de 10 points points le podium de la L1, et ne disputera donc pas la Ligue des champions la saison prochaine, pour la première fois depuis 1998, mais l’Europa League.
Pire encore : avec 12 défaites enregistrées, soit son pire total depuis 14 ans, et la 14ème défense du championnat (51 buts encaissés), jamais le secteur défensif rhodanien n’avait été aussi perméable ces 29 dernières années ! Un bilan bien compliqué à défendre, et pourtant, la saison des Gones n’a pas été catastrophique, en partie grâce à un secteur offensif performant.
Lisandro Lopez (pourtant absent pendant trois mois) et Bafé Gomis ont en effet inscrit chacun 25 buts toutes compétitions confondues, bien aidés par Bastos, meilleur passeur du précédent exercice (11 passes décisives), Källström et Briand (8 passes chacun). Même le jeune Alexandre Lacazette, véritable révélation de la saison, y est allé de son efficacité, inscrivant 10 buts, répartis dans les quatre compétitions disputées par l’OL.
S’ils ont raté le championnat, les Gones ont néanmoins réussi à accrocher un titre cette saison, pour la première fois depuis le doublé de 2008 avec Alain Perrin. Auteurs d’un excellent parcours en coupes nationales, puisqu’ils ont atteint la finale de chacune des deux compétitions, les Gones ont réalisé notamment quelques exploits face à Lille (2-1), Paris (3-1) ou Lorient (4-2 a.p.).
Or, ils sont retombés dans leur vilain travers d’irrégularité en finale de Coupe de la ligue, face à Marseille. Au terme d’un match indigeste, complètement raté par les protégés de Rémi Garde, les Lyonnais se sont inclinés 0-1 a.p. Quelques jours plus tard, ils se sont toutefois imposés dans l’autre finale, celle de la Coupe de France. Gagnant à l’expérience face aux joueurs de Quevilly (1-0), petit poucet national, ils ont accroché leur 16ème titre depuis 2001.
Par son comportement et ses valeurs, l’Olympique Lyonnais a démontré cette saison qu’il était davantage une équipe de coupes qu’une équipe de Championnat. Imprévisible, capable de retourner des situations bien mal engagées (Lille, Bordeaux, Lorient...) comme d’infliger au PSG sa première défaite au Parc des Princes sous l’ère Ancelotti, la rage de vaincre de cet OL a souvent sauté aux yeux en coupes. Mais pas en championat, ni à Nicosie.
Qualifié pour la première fois de son histoire en 8ème de finale de la Ligue des champions, l’Apoël Nicosie, club chypriote, représentait lors du tirage au sort une véritable aubaine pour un Lyon en pleine bourre au mois de décembre, après s’être qualifié miraculeusement, grâce à un match épique contre le Dinamo Zagreb (7-1).
Lyon remporte le match aller, à Gerland, face à des joueurs nicosiens combatifs et ultra-défensifs (1-0), mais se fait surprendre au retour (0-1) et, terrifié à l’idée de se faire éliminer, entraîne ses adversaires jusqu’aux tirs aux buts. Hugo Lloris n’étant pas un réel spécialiste de l’exercice, ne parvient pas à stopper les frappes chypriotes et constate, impuissant, les échecs de Lacazette et Bastos face au gardien adverse. L’OL est éliminé et sort la tête basse.
Totalement à côté de la plaque, ce match restera comme l’exemple même de l’ambivalence rhodanienne : paralysée par la peur, et en manque terrible d’expérience, cette équipe n’a pas su gérer les étapes qui paraissaient les plus simples de son parcours, tout en se montrant parfois brillante dans l’adversité. Des valeurs mentales insufflées par des joueurs du cru (Gonalons, Grenier), mais aussi par des toutes jeunes révélations lancées dans le grand bain par l’entraîneur lyonnais (Koné, Lacazette, Umtiti). La jeune génération (affectueusement appelé « classe biberon » par Bernard Lacombe) est en marche.
Après une baisse de la fréquentation de Gerland de 4,3% en 2009-2010, puis de 1,4% en 2010-2011, le Stade continue de se désemplir progressivement. La preuve : cette saison, en Ligue 1, l’OL a vu, pour la troisième année consécutive, le nombre de spectateurs reculer (-6,2%). Le taux de remplissage du stade de Gerland reste toutefois de 84,5%, "bien supérieur à celui des concurrents (de l’OL, ndlr), et ce malgré la crise économique en France", fait remarque un communiqué du club. Une façon de se voiler la face tout en gardant le sourire.
Car les comptes du club sont eux-aussi dans le rouge, malgré les efforts drastiques engagés cette saison pour réduire toutes les charges. Ainsi, les recettes des neuf premiers mois d’exercice d’OL Groupe faisaient état il y a un mois d’un recul de 3,7% (116 millions d’euros contre 120,5 il y a un an), les trois principaux secteurs touchés étant les produits de la marque (-33%), la cession des contrats joueurs (-6,1%) et... la billetterie (-5,1%).
Le recul devrait se confirmer d’autant plus que sans Ligue des champions la saison prochaine, l’OL enregistrera un manque à gagner de 20 millions d’euros. Une bien mauvaise nouvelle pour le mercato d’été qui devrait confirmer une tendance au dégraissage de l’effectif.
Publié le : dimanche 10 juin 2012, par