Pour dire vrai, personne ou presque n’osait songer avant la rencontre à l’éventualité d’une prolongation, voire d’une séance de tirs aux buts, dans ce huitième de finales retour de Ligue des Champions entre l’OL, grand favori, et l’Apoel Nicosie. C’est pourtant bien le scénario auquel les 23 000 spectateurs ont assisté au GSP Stadium de Nicosie. Vainqueur à l’aller (1-0), certes un peu chanceux, le club rhodanien semblait supérieur, et prêt à défier le club le plus abordable de la compétition sans trop trembler.
Les Lyonnais peuvent surtout se mordre les doigts, car ils doivent en grande partie leur élimination à eux-mêmes : sans fond de jeu, sans ambition aucune, sauf peut-être celle d’attendre l’adversaire et de le contrer en se montrant efficace, ce dont ils sont incapables à l’heure actuelle. Les joueurs de Rémi Garde n’ont jamais semblé en mesure de l’emporter dans cette rencontre. Et c’est cela sans doute le plus dérangeant.
Mandu...K-O
Nicosie réalisait un début de match parfait. Dès la huitième minute de jeu, les Chypriotes prenaient le large grâce à un but signé Manduca sur sa première occasion (1-0). Comme à Bordeaux (0-1), contre Paris (4-4) ou à Nancy samedi dernier (0-2), la défense lyonnaise, passive et hautement fautive, était totalement à côté de la plaque, tant dans le replacement défensif que sur le marquage individuel et l’agressivité attendue. Les Chypriotes continuaient à pousser après l’ouverture du score, et Hugo Lloris se montrait déterminant sur un tir croisé de Solari juste avant la mi-temps (42’).
L’Argentin de Nicosie, en forme, manquait d’ailleurs d’assommer les Gones en seconde période en loupant le cadre après un gros travail de Charalambidis (71’). Un peu avant, c’est le Lyonnais Cissokho qui était tout proche de tromper son propre gardien d’une déviation malheureuse de la tête sur sa transversale (55’).
Côté rhodanien, le joueur le plus dangereux était Ederson, d’abord sur coup franc (24’), puis sur une tête décroisée qui frôla le montant de Chiotis (39’). C’étaient d’ailleurs les deux seules véritables occasions rhodaniennes du match. Sans révolte, sans hargne, sans combat, les Gones ont laissé le temps défiler, pensant qu’’ils seraient efficaces par Lisandro, Bastos ou Briand lorsqu’une occasion de marquer se profilerait.
Seulement la défense de l’Apoel était bien regroupée, et cette occasion n’est pas venue. L’attente a été longue et laborieuse : d’abord 90 minutes, puis 120, avec les prolongations. Et c’est aux tirs au but que l’OL a lourdement chuté, Lacazette et Bastos voyant leurs tirs aux buts repoussés par le gardien Chiotis, tandis qu’Hugo Lloris ne connaissait pas la même réussite face aux joueurs chypriotes.
Un coach qui attend trop
Non, vraiment, l’OL n’était pas dans un grand soir. Seule satisfaction, et encore, car il y a là matière à débattre de la passivité évidente de Rémi Garde : les entrées de Gomis et de Lacazette, très tardives, ont apporté un peu de fraîcheur à une équipe apathique. Le premier cité s’est montré utile aux avant-postes, altruiste et opportuniste, tandis que le second a mis le feu à la défense de Nicosie, profitant de la fatigue de ses adversaires.
Le prochain match des Gones s’annonce comme un véritable révélateur de crise. Dimanche, les Gones reçoivent Lille à Gerland, une équipe contre laquelle ils s’étaient inclinés à l’aller 3 buts à 1. Une rencontre qui s’annonce donc compliquée, d’autant que le champion de France en titre, costaud, se déplacera à Lyon pour maintenir sa troisième place au classement, et les sept points qui le séparent actuellement de l’OL. Avec seulement cinq points pris lors des huit dernières journées de championnat, le club de Jean-Michel Aulas va devoir rapidement relever la tête s’il ne veut pas vivre l’une de ses plus tristes saisons depuis le début des années 2000.