L’ASN a rendu son rapport annuel

Nucléaire : de gros travaux à venir suite à Fukushima

Les années se suivent et les conférences de presse de l’ASN se ressemblent. Invariablement, l’Autorité de sécurité nucléaire juge l’état des centrales rhonalpines (et françaises) « assez satisfaisant ». Invariablement, l’une des quatre centrales de la région sort du lot (Tricastin cette année), tandis qu’une autre revêt le bonnet d’âne (Saint-Alban depuis trois ans). Le présentation du bilan de l’année 2011, mercredi, n’a pas fait exception à cette règle.

« Il n’y a pas de situation préoccupante », affirme Philippe Ledenvic, délégué territorial de l’ASN. Pourtant la lecture du rapport annuel 2011 du gendarme du nucléaire fait froid dans le dos. « Incidents d’exploitation », « non conformités de configuration des circuits », « moyens humains insuffisants », « usure prématurée de certaines pièces », « gestion des situations d’urgence (à) renforcer »..., peut-on y lire.

Rhône-Alpes, région la plus nucléarisée de France

Rhône-Alpes compte 4 centrales nucléaires pour un total de 14 réacteurs, soit 25% du parc nucléaire français, ainsi que « l’immense majorité » des installations intervenant dans le cycle du combustible nucléaire. « Rhône-Alpes est la région la plus nucléarisée de France », résume Grégoire Deyirmendjian, chef de la division de Lyon de l’ASN.

L’autorité a mené 335 inspections en 2011, dont 91 dans les 4 centrales. Le reste concernait autant les autres installations nucléaires que le secteur médical et le transport de substances radioactives.

« L’année 2011 a été intense pour l’ASN », note Philippe Ledenvic. Car l’accident de Fukushima a donné du grain à moudre à l’autorité de surveillance. L’ASN a ainsi dû conduire les tests de résistance, décidés par l’Union européenne, censés évaluer la résistance des centrales aux séismes et inondations. Sans surprise, l’autorité « considère que les installations examinées présentent un niveau de sureté suffisant pour qu’elle ne demande l’arrêt immédiat d’aucune d’elles ». Mais elle les enjoint néanmoins à « augmenter leur robustesse face à des situations extrêmes » et ceci « dans les meilleurs délais ».

Les centrales doivent notamment s’équiper d’un centre de crise bunkérisé, permettant aux personnel du site d’intervenir en cas d’accident. A Fukushima « le centre de surveillance n’a pas du tout fonctionné et l’exploitant s’est retrouvé dans le noir », souligne Philippe Ledenvic. L’alimentation électrique et le circuit de refroidissement doivent également être renforcés.

Autre sujet d’inquiétude : la sécurité aérienne. Le 2 mai dernier, un militant de Greenpeace avait réussi à survoler la centrale du Bugey et de lancer un fumigène sur l’un des toits du complexe. Pour l’ONG, les centrales du Bugey, de Fessenheim, Gravelines, Dampierre, Balyais, Chinon, Saint-Laurent et Cruas sont « particulièrement vulnérables aux agressions extérieures en raison d’un confinement primaire en béton simple doublé d’une paroi métallique intérieure ».

Bottant en touche, l’ASN se contente de rappeler que le survol de centrales est interdit. « Un groupe de travail européen a été constitué, mais nous ne pouvons avoir le même niveau de transparence sur cette question », a ajouté Philippe Ledenvic.

Publié le : jeudi 5 juillet 2012, par Michael Augustin