Tribunal correctionnel

Menaces de mort : Alexandre Gabriac relaxé

Le procureur avait requis deux mois de prison ferme à l’encontre du conseiller régional Alexandre Gabriac. Le tribunal correctionnel l’a finalement relaxé le 22 octobre dernier.

Les faits remontent au 23 mai. Après avoir été évacué d’un bar danois du Vieux Lyon, où il avait ses habitudes, Alexandre Gabriac, ainsi qu’un jeune nationaliste bordelais, auraient réitéré des menaces de mort à l’encontre du serveur, en faisant notamment le geste d’égorgement.

L’audience s’est tenue le 10 septembre dans une ambiance électrique, une trentaine de militants nationalistes avaient fait le déplacement pour soutenir leur leader. « Tant pis si demain sur vos blogs et gazettes, je me fais traiter de procureur juif, marxiste ou gay », leur avait lancé le représentant du ministère public, Stéphane Javet.

Avant de rappeler le passé agité de Gabriac. Élu en 2010 au Conseil régional sur la liste du Front national, il a été exclu du parti en avril 2011 par Marine Le Pen, après qu’une photo de lui avait circulé sur Internet. Celle-ci le montrait en train de faire le salut nazi devant un drapeau à la croix gammée. En réaction à son exclusion, il a fondé les Jeunesses nationalistes, un groupuscule d’extrême droite, censé « rassembler tous les jeunes orphelins que le Front National laissait derrière sa débâcle ».

En avril dernier, le jeune élu de 21 ans a de nouveau fait parler de lui en Italie où il était allé rendre hommage à Mussolini. Puis, l’affaire du pub danois lui ayant déjà valu douze heures de garde à vue, Alexandre Gabriac, s’est retrouvé à nouveau derrière les barreaux le 29 septembre, pour avoir participé à Paris à une manifestation nationaliste, en dépit de l’interdiction par la préfecture de police.

Pour le procureur du tribunal correctionnel de Lyon, « ces engagements extrémistes sont de nature à engendrer une peur particulière. Ces menaces sont susceptibles d’être mises à exécution. Cela nous ramène aux heures les plus sombres de notre histoire ».
Des propos qui ont fait hurler la défense. « Les heures sombres, c’est de vouloir condamner quelqu’un sans preuve. Les réquisitions sont un tissu de préjugés. Il n’y a aucun fait », s’était écrié l’avocat des deux prévenus, Maître Pierre-Marie Bonneau.

Les preuves matérielles faisaient effectivement un peu défaut dans ce dossier. L’accusation n’a pu se baser que sur une seule déposition écrite, celle du serveur, qui ne s’était pas rendu à l’audience. Et les images captées par une caméra de vidéosurveillance installée à proximité du bar ne permettaient que de distinguer un groupe de trois personnes sortant précipitamment de la terrasse du pub.

L’élu nationaliste avait alors beau jeu de crier à la « manipulation médiatique ». « A la place d’un délit au faciès, on pourrait dire qu’il a été victime d’un délit de sales idées », avait ajouté Maître Bonneau.
« Si la vidéosurveillance confirmait la présence des deux individus sur les lieux, nous ne pouvions pas distinguer le geste d’égorgement allégué par l’employé », a dû reconnaître la présidente du tribunal, justifiant ainsi la relaxe des prévenus.

La gérante du pub, jointe par le site Rue89Lyon, entend également tourner la page : « Pour nous, l’affaire est réglée car ils ne sont pas revenus. »

Publié le : mercredi 24 octobre 2012, par Michael Augustin