10 000 dans les geôles turques
Ils ont planté une tente bleue place Bellecour, pour donner de la visibilité à leur mouvement. 14 Kurdes observent pendant 3 jours un jeûne symbolique en soutien à ceux qu’ils appellent des prisonniers politiques.
Le 12 septembre dernier, 63 détenus kurdes, emprisonnés en Turquie, ont entamé une grève de la faim illimitée. Alors que certains grévistes sont d’ores et déjà dans un état critique, plusieurs centaines d’autres les ont rejoints rapidement. Puis, début novembre, tous les prisonniers kurdes, à l’exception des enfants, personnes âgées et malades, soit quelque 10 000 personnes auraient cessé de s’alimenter. Le plus vaste mouvement de protestation depuis le début de la lutte armée en 1984.
Parmi les grévistes figurent des responsables du Parti kurde de la paix et de la démocratie (BDP), qui détient 29 sièges sur les 550 que compte le parlement, des députés et élus locaux, à l’instar des maires de Diyarbakir (sud-est) et Van (est).
Depuis, les manifestations de soutien se multiplient en France et en Europe. Près de 10 000 Kurdes ont défilé le 2 novembre à Bruxelles, appelant les institutions européennes à intervenir auprès de la Turquie. Des grèves de la faim ont eu lieu à Bordeaux, Marseille, Paris, Vannes, Rennes, Nantes ou encore Strasbourg, où les grévistes ont reçu le soutien de plusieurs eurodéputés.
« Le silence de l’Union européenne est pesant sur la question kurde », jugeait alors l’élue du Front de gauche, Marie-Christine Vergiat. « Il est essentiel de rompre le mur du silence afin d’attirer l’attention de l’opinion publique sur le martyr du peuple kurde et d’obliger le gouvernement turc à ouvrir un dialogue politique avec ses représentants plutôt que de les jeter en prison ».
Les revendications sont partout les mêmes : l’utilisation de la langue kurde dans l’éducation et la justice, ainsi que la libération du leader kurde Abdullah Öcalan, considéré par Ankara comme un terroriste. Condamné à la prison à vie, il est détenu à l’isolement depuis 1999 sur l’île d’Imrali.
« Nous réclamons également un traitement humain pour les prisonniers en grève de la faim en Turquie », ajoute Amed, l’un des grévistes lyonnais. « Nous sommes ici pour leur montrer qu’on est avec eux. » D’autres actions seraient d’ores et déjà en préparation. « On ne va pas en rester là », prévient Amed.
Publié le : lundi 12 novembre 2012, par