Raymond Depardon

La « France des ronds-points » s’expose à Lyon

Il a voulu photographier la « France des sous-préfectures ». Raymond Depardon a planté son appareil photo dans des centaines d’endroits différents : villages, petites villes, champs, zones commerciales et industrielles, et rapporté de son périple plus de 7000 clichés. En 2010, la Bibliothèque nationale de France en a présenté une sélection. L’exposition arrive pour la première fois en province, à Lyon.

« La France, on ne la connait pas si bien que ça », analyse le photographe qui compte dans son immense œuvre la photo officielle de François Hollande. « On connait l’endroit où on est né, là où on va en vacances, la ville natale de sa femme ou de son mari. » Pour découvrir cette France inconnue, Depardon part de 2004 à 2009 avec son camping car blanc sur les routes du pays.

« La France que je voulais photographier, c’est celle d’où je viens », explique ce natif de Villefranche-sur-Saône. Bars-tabacs, monuments aux morts, églises, zones commerciales, rues vides, champs à perte de vue, plages composent cette France « des ronds-points ». 43 clichés ont été sélectionnés pour l’exposition à l’Hôtel de région de Rhône-Alpes. Une « quintessence de notre territoire », selon l’artiste.

Parti de Berck-Plage (Pas-de-Calais), il parcourt d’abord une sorte de demi-lune passant par l’est et le sud du pays, à la découverte de la « France réactionnaire », des gens qui « ont peur de l’étranger ». « J’ai voulu voir pourquoi les gens y ferment leurs volets à 5h de l’après-midi », explique le photographe. Avant de sillonner en plusieurs voyages le reste de l’Hexagone.

Partout, où Raymond Depardon plante le trépied de sa chambre photographique 20x25, un appareil à l’ancienne où la tête du photographe disparaît sous un tissu rouge, il se fait remarquer. « Les jeunes n’avaient jamais vu ça, tandis que les personnes âgées se rappelaient leurs photos de classe ou de mariage », sourit le photographe. « A Marseille, des automobilistes s’arrêtaient pour me demander : ’c’est un nouveau radar, votre truc ? »

Financé par le ministère de la culture (200 000 euros), le travail de Depardon fige authenticité des paysages, dans toute leur diversité et avec leurs couleurs, non sans susciter un sentiment latent et oppressant de solitude. « Au début, j’étais déprimé », avoue l’artiste, qui a parcouru nombre d’endroits dévastés par le chômage.

Outre l’exposition, les clichés ont donné lieu à un beau livre (336 pages, 315 photos, 59 euros), que les deux candidats à la présidentielle auraient regardé avec intérêt. « Il apparaît même derrière Nicolas Sarkozy dans sa vidéo adressée aux Français de l’étranger. Sans doute parce qu’il y a ’France’ écrit sur la couverture », s’amuse Raymond Depardon qui a déjà repris la route pour un nouveau projet sur le thème de la couleur. A découvrir en novembre 2013 à Paris au Grand palais.

Info : jusqu’au 2 mars 2013, du lundi au samedi, de 10h à 19h. Vernissage : mercredi 15 novembre à 18h. Visites guidées sur demande. Entrée libre et gratuite. Hôtel de région, 1 esplanade François Mitterrand, Lyon 2ème (Confluence).

Publié le : mercredi 14 novembre 2012, par Michael Augustin